Ce n'est qu'à 14h30, hier, en raison des fortes chaleurs et de l'absence de moyens de transport, que les manifestants venus des différents quartiers d'Annaba et des villes voisines, telles que Sidi Amar, El-Bouni et El-Hadjar, ont commencé à se rassembler de part et d'autre du Cours de la révolution. Par centaines d'abord, les marcheurs, hommes et femmes de tous âges et de toutes conditions sociales, ont investi cette place mythique de la ville pour très vite former une véritable marée humaine qui a ensuite déferlé à travers les rues et les ruelles du centre en scandant des slogans hostiles aux tenants du pouvoir. Revêtus des couleurs nationales et déployant des banderoles rappelant leur détermination à faire table rase des pratiques du passé, ils ont, une fois encore, exigé le départ de Bensalah et de Bedoui et refusé le simulacre de dialogue qui leur est proposé. À l'unanimité et sans répit, les gens du hirak ont crié durant des heures "Gouloulhoum matahchouhalnach be had el-hiwar, echaâab rahou fayak, nahina Bouteflika" (Dites-leur qu'ils ne pourront pas nous leurrer avec le dialogue, le peuple n'est pas dupe, c'est lui qui a évincé Bouteflika) et "Karim Younès et Gaïd Salah à la poubelle". Adressant son propos au chef d'état-major de l'ANP, dont elle suspecte une liaison coupable avec les figures du bouteflikisme, la foule a été catégorique en refusant l'idée d'une Algérie dirigée par des militaires. Faisant écho à leurs compatriotes des autres villes, les Annabis ont asséné "Y en marre des généraux echaâb la yourid hokm el-âaskar men jadid" (comprendre le peuple ne veut pas d'une nouvelle dictature militaire) ou encore "Echaâb yourid el-istiqlal" (Le peuple veut son indépendance) et "Ya Gaïd Salah ! silmiya silmiya, hatta ndjibou l'houriya !" (Nous continuerons à marcher pacifiquement jusqu'à l'indépendance). Faisant preuve de maturité et de vigilance, les encadreurs de la marche de ce 26e vendredi, des jeunes des quartiers, nous ont confié qu'ils ont contrarié des tentatives de récupération politique de la part de militants d'un certain parti islamiste.