Après 25 semaines de mobilisation ininterrompue, les Algérois n'ont pas dérogé à la règle, faisant de ce 26e vendredi un des plus spectaculaires en termes de mobilisation et de détermination. Une mobilisation parmi les plus grandioses et une motivation intacte en ce second vendredi du mois d'août. Ni la chaleur ni les vacances n'ont dissuadé les Algériens à investir, encore une fois, les rues de la capitale pour réclamer un changement radical du régime politique en place, issu de surcroît d'un des derniers vœux du président déchu Abdelaziz Bouteflika. Départ sous un soleil de plomb pour les premiers groupes de manifestants qui, dès midi, ont commencé à sillonner les artères les plus symboliques du hirak, dont les rues Didouche-Mourad et Hassiba-Ben Bouali. Après 25 semaines de mobilisation ininterrompue, les Algérois n'ont pas dérogé à la règle, faisant de ce 26e vendredi un des plus spectaculaires en termes de mobilisation et de détermination. Un acte aussi, s'il en fallait un de plus, pour la libération des détenus d'opinion et pour le rejet d'un simulacre de dialogue qui peine à convaincre. Karim Younès, ancien président de l'Assemblée, encarté FLN, coordinateur de l'instance de dialogue et de médiation, en a pris d'ailleurs pour son grade, traité par les manifestants, tantôt de "lèche-godasses", tantôt de "sous-traitant" d'un régime dont il est issu. Les autres figures du panel et certains individus se réclamant du hirak, ayant siégé dans les premiers rounds du dialogue, ont remonté les manifestants qui, tout au long de la journée d'hier, ont scandé des slogans hostiles à cette initiative comme "Karim Younès à la poubelle", ou encore "Pas de dialogue avec le gang". L'offre de dialogue a été ainsi rejetée en bloc par les manifestants qui, dès 14h, heure de la fin de la prière hebdomadaire du vendredi, ont afflué en nombre impressionnant vers les principales artères de la capitale. Dès 14h, la rue Hassiba-Ben Bouali était noire du monde, alors que le carré de La Casbah et de Bab El-Oued gagnait en ampleur et se dirigeait droit vers la Grande-Poste dès la fin de la prière hebdomadaire. Il faut dire que les manifestants qui venaient de la rue Mohamed-Belouizdad et des quartiers environnants, ainsi que ceux de Bab El-Oued et de La Casbah ont galvanisé les foules dès leur arrivée à la Grande-Poste. 15h, c'est l'heure habituelle de la rencontre des trois marches : celle venant de Bab El-Oued et de la Casbah, celle arpentant la rue Hassiba-Ben Bouali en provenance de Belcourt et celle d'Alger-Centre. Vers 16h, la place de la Grande-Poste, ses jardins, la rue Didouche-Mourad, le boulevard colonel Amirouche… et d'autres ruelles étaient noirs de monde. Les Algérois ne décolèrent pas. "C'est ou nous ou ce pouvoir, on ne va pas s'arrêter !", scandent des milliers de manifestants massés sur la place de la Grande-Poste. Ils étaient aussi nombreux que lors des précédents actes de la saison estivale. Fait inhabituel, néanmoins, le dispositif de sécurité semblait plus allégé, malgré le rejet du chef d'état-major des préalables posés par le panel, dont l'une de ces conditions se rapporte justement à "l'allègement du dispositif policier, notamment dans la capitale, lors des marches hebdomadaires". Serait-ce une autre reculade du pouvoir face à la pression de la rue ? L'élection présidentielle à laquelle aspire le chef d'état-major a été également rejetée par la rue ; les manifestants sont plus que jamais fermes quant au préalable du départ de tous les symboles de l'ancien régime avant l'organisation d'une quelconque joute électorale. "Il n'y aura pas d'élection avec cette mafia !", scandaient les manifestants qui demandent la restitution du pouvoir au peuple. L'autre slogan qui revient chaque vendredi reste le refus d'un régime militaire ; les manifestants revendiquant dans toutes les rues d'Alger leur attachement à l'"Etat civil et non militaire".