Les usines de montage automobile citées en qualité de personnes morales dans les affaires de corruption ne bénéficient plus du couloir vert au niveau des ports où les kits SKD font toujours l'objet de mesures de blocage. Le marché automobile se dirige-t-il vers un krach ? La question mérite d'être posée au vu des derniers développements enregistrés dans ce secteur qu'on croyait qu'il allait réellement décoller de nouveau après quatre ans de léthargie. En effet, au lendemain des enquêtes préliminaires et des auditions devant les juges instructeurs de certains patrons et propriétaires des usines de montage automobiles, le gouvernement a décidé de serrer les vis et de supprimer définitivement les mesures de facilitations pour le débarquement des kits SKD au niveau de plusieurs ports d'Algérie. Une décision suivie par une batterie d'instructions rigoureusement appliquées par les Douanes algériennes à l'encontre des usines de montages automobiles citées en qualité de personnes morales dans les affaires de corruption. Ces dernières, qui, par ailleurs, ne bénéficient plus du couloir vert au niveau des ports où les kits SKD font toujours l'objet de mesures de blocage depuis plus de 40 jours, butent sur des fermetures à titre conservatoire et les chaînes d'assemblage risquent, à terme, de faire l'objet d'un démantèlement qui impacterait les emplois, d'une part, et le remboursement des crédits contractés auprès des banques, d'autre part. La première conséquence est déjà là : la pénurie qui se fait ressentir sur le véhicule neuf, suivie d'une flambée des prix et de la spéculation sur le marché parallèle qui reprend des couleurs. La marque coréenne Hyundai est la première à subir la conséquence de la mesure du gouvernement. Il y a près de deux mois, soit au lendemain de l'incarcération de Mahieddine Tahkout, propriétaire de l'usine Tahkout Manufacturing Company (TMC), les Douanes algériennes ont bloqué 582 conteneurs de kits SKD, d'un montant global de 38,24 millions de dollars, au port de Mostaganem. Fermée à titre conservatoire, TMC a dû mettre 1 400 employés au chômage technique en attendant le renouvellement de son agrément, en date de septembre 2018, qui devra expirer le 19 septembre prochain. Devant le silence de la Direction générale des Douanes (DGD), TMC, qui avait bénéficié d'une enveloppe de 360 millions de dollars pour les domiciliations 2018-2019, n'a consommé qu'un montant de 84,29 millions de dollars. Les marques chinoises mini-trucks de marque Cherry, des bus de marque Higer et des camions de marque Schacman, dont le patron Ahmed Mazouz a été incarcéré à la prison d'El-Harrach, sont frappées de plein fouet par la même mesure. Ainsi, pas moins de 1 200 conteneurs ont été bloqués par les Douanes algériennes aux ports d'Alger, de Jijel et de Skikda. Aujourd'hui, ces trois chaînes de montage, en souffrance, n'arrivent plus à subvenir à la demande d'un marché qui se dirige vers un véritable crash. Là aussi, ces trois chaînes de montage, citées en qualité de personnes morales dans les affaires de corruption, risquent de baisser rideau après l'expiration de l'agrément d'exploitation. La pénurie se fait également ressentir du côté de la marque coréenne Kia, exploitée par KIA Al-Djazaïr de la société Gloviz, relevant du groupe Global Motor Industry (GMI), et dont le patron, Hassan Arbaoui, a été incarcéré à la prison d'El-Harrach. Notamment sur le segment de la petite et de la moyenne citadines dont les prix se sont envolés sur le marché parallèle et les sites Internet. Du reste, d'autres usines de montage, comme Iveco, relevant du groupe Ival, dont le patron Mohamed Baïri, est placé sous mandat de dépôt, risque aussi de tomber sous le coup d'une décision de fermeture conservatoire si aucun administrateur judiciaire n'est désigné avant l'expiration de son agrément d'exploitation. Cela dit, d'autres sociétés souffrent des délais de débarquement des kits SKD à cause des dizaines de bateaux en rade dans plusieurs ports d'Algérie, et ce, depuis, la suppression du couloir vert au profit des entreprises qui activent dans ce secteur. Ces mesures et tant d'autres viennent se greffer à la décision du gouvernement de réduire la facture d'importation des kits SKD destinés au montage automobile à 2 milliards de dollars pour l'année 2019 et d'obliger les constructeurs de réduire également le nombre de modèles et de finitions pour chacune des marques concernées par l'assemblage.