Se joignant à un groupe d'étudiants qui organisaient, hier matin, un sit-in devant le théâtre régional Azzedine-Medjoubi, des centaines de citoyens, parmi lesquels des femmes, ont manifesté contre Gaïd Salah, Karim Younès et le dialogue qu'ils proposent aux Algériens. Aux cris de "Ya lil âar, issaba tqod el hiwar" (honte à la mafia qui veut mener le dialogue) et "Echaâb la yourid hokm elaâskar min jdid" (Le peuple ne veut pas être dirigé de nouveau par l'armée), les contestataires ont marché à plusieurs reprises sur le Cours de la Révolution. Les manifestants ont réaffirmé leur rejet de l'élection présidentielle dans les conditions actuelles en menaçant de recourir à la désobéissance civile si les tenants du pouvoir ne se décident pas à évincer les figures du bouteflikisme. Les slogans "Awe jay awe jay el-assiane el-madani" (La désobéissance civile est pour bientôt) et "Aâchrine septembre kayene tsunami" (Le tsunami est annoncé pour le 20 septembre) ont été longuement scandés par la foule en colère. Le cortège s'est immobilisé, vers midi, sur l'esplanade du TRA où un débat a été improvisé autour de la symbolique des 20 Août 1955 et 1956 et de l'importance qu'ont revêtue ces deux dates sur la lutte pour l'indépendance. Prenant la parole, l'un des manifestants explique aux personnes autour de lui que le Congrès de la Soummam s'est tenu pour décider de la relance de la Révolution armée de Novembre 1954 en multipliant les actions de diversion pour desserrer l'étau que l'armée française maintenait autour de la Wilaya 1 historique. "Nous avons le devoir aujourd'hui d'en faire autant en manifestant partout à travers le pays pour atténuer la pression qu'exerce le pouvoir sur nos concitoyens d'Alger en les empêchant de réclamer leur droit à la liberté et à une vie meilleure. Nous avons les mêmes obligations et nous nous fixons comme objectif de mettre fin, dès cet instant, à l'embargo mis sur Alger", a notamment souhaité l'intervenant. Une proposition qui a été saluée par l'assistance, ce qui a encouragé l'orateur à s'en prendre à Karim Younès et aux membres du panel ainsi qu'à tous les partis politiques, qu'il a traités de félons à la solde du pouvoir déchu.