Ils voulaient faire entendre aux membres de l'instance leur rejet catégorique du dialogue, qualifié de simulacre, vu les personnalités qui y participent, dont la plupart sont issues de l'ex-alliance présidentielle. Dès la première heure de la journée d'hier, des centaines de citoyens se sont rassemblés devant la Maison de la culture de Boumerdès dans le but d'empêcher la tenue d'une réunion, prévue entre le panel de personnalités nationales, conduit par Karim Younès, et des représentants locaux du mouvement citoyen. Une réunion qui n'aura, finalement, pas lieu. Et on ignore pour quelle raison, en l'absence de déclaration officielle à ce sujet. En effet, l'arrivée de Karim Younès avait été annoncée, sur certaines pages Facebook, à 9h, affirmant que ce sont des personnalités politiques locales contactées pour participer à ce dialogue qui ont divulgué l'information en précisant l'heure et le lieu de cette réunion. L'annulation de cette réunion a provoqué la déception chez les jeunes venus en force, car ils voulaient faire entendre aux membres du panel leur rejet catégorique de ce dialogue, qualifié de simulacre, vu le type de personnalités qui y participent, dont la plupart sont issues des partis politiques de l'ancienne alliance présidentielle. Sur place, certaines voix disent que c'est la forte mobilisation de ce jour de la part de ces jeunes hostiles à ce dialogue qui a dissuadé les "dialogueurs" de venir. Ce qui fait qu'ayant peur de subir un lynchage ou d'être carrément empêchés d'accéder à la salle de réunion, les membres du panel ont préféré annuler leur déplacement à Boumerdès, à la dernière minute. Tandis que d'autres observateurs ont affiché leur crainte que la réunion soit tenue dans un autre endroit et que sa divulgation sur les réseaux sociaux ne soit qu'une diversion. Jusqu'à une heure tardive de la journée, des jeunes venus des quatre coins de la wilaya ont attendu la venue des membres du panel en scandant des slogans hostiles au chef d'état-major ainsi qu'à Karim Younès et à son panel : "Makanch lvot ya shab el casse-croute" ; "Esmaâ ya el Gaïd, daoula madania, esmaâ ya el Gaïd, machi âaskariya". Ce rassemblement a également été l'occasion pour les présents d'organiser une sorte de conférence en plein air, où lors de la prise de parole chacun a fait part de son opinion par rapport, entre autres, au panel et au dialogue qu'il essaie de mener, au rôle de l'armée et aux solutions possibles pour la sortie de crise. "On aurait aimé que Karim Younès et son groupe viennent aujourd'hui et qu'on les chasse comme l'ont fait, avant nous, nos frères à Chlef, pour que tout le peuple algérien fasse ainsi, car le vrai dialogue, ce sont les jeunes qui doivent le mener et non pas ces vieux qui ont tous fait partie du régime", dit un jeune qui a pris la parole.