Les rédacteurs de la Constitution irakienne devaient se réunir, hier, pour aplanir les divergences apparues tout de suite après l'installation de leur commission alors que l'Irak est plongé dans un inextricable chaos. Pressés par les Etats-Unis, les chefs des groupes parlementaires doivent trouver un modus vivendi sur la nouvelle loi fondamentale que Bush souhaite voir érigée en exemple dans le monde arabo-musulman. La réunion, qui doit baliser le terrain à la poursuite du processus de normalisation initié par les Américains et auquel les Nations unies ont donné leur quitus, regroupe tout le pouvoir intérimaire de Bagdad : le patron de l'Alliance unifiée irakienne, majoritaire au Parlement, le chef de l'Etat Jalal Talabani et le président du Kurdistan Massoud Barzani de la liste kurde, Iyad Allaoui de la liste irakienne, le vice-président Ghazi al Yaouar de la liste Iraqioun, ainsi que Hamid Majid Moussa de la liste communiste. Cette rencontre sera suivie dans les prochains jours de réunions élargies aux partis et aux personnalités en dehors du Parlement, notamment, des représentants de la communauté sunnite, qui a cédé sa place à la majorité chiite. Le projet de Constitution doit être bouclé d'ici le 12 août, sinon le Parlement s'en chargera, et le texte devra être débattu à la mi-août avant d'être adopté à temps pour la tenue d'un référendum à la mi-octobre. Parmi les points litigieux, le rôle de l'islam et le fédéralisme, qui ont bloqué les débats. Les chiites ne veulent pas démordre d'un Etat plus ou moins islamiste, une idée que réfutent les sunnites que hante l'exemple iranien mais qui revendiquent une Constitution qui fasse référence à l'islam comme dans la plupart des pays arabes. Barzani, qui parle au nom des Kurdes, refuse pour sa part un Etat islamique, préconisé par les religieux chiites et insiste sur le fédéralisme, rejeté par les arabes sunnites. Les Kurdes, de toutes les façons, menacent carrément de faire cavaliers seuls au cas où l'Irak devient un Etat islamique. L'ambassadeur des Etats-Unis en Irak, Zalmay Khalilzad, a multiplié ces derniers jours les rencontres avec des responsables politiques irakiens pour les inciter à respecter le calendrier de transition politique. Les journaux irakiens, toutes tendances confondues, n'ont cessé d'insister sur l'importance de la Constitution pour l'avenir du pays. Sur le terrain, les marines poursuivent avec l'armée irakienne l'opération “Quick Strike” (frappe rapide) lancée le 3 août autour de Bagdad alors que la violence se déchaîne et ce sont toujours des Irakiens qui paient le plus lourd tribut. D. Bouatta