Hier, Mike Pompeo, secrétaire américain à la Défense, a affirmé qu'une reprise des négociations n'est pas exclue, allant à contresens de la décision de Trump la veille de mettre fin à un dialogue qui était pourtant, selon Washington, sur le point d'aboutir. Habitué à des décisions-éclats, le président américain Donald Trump a pris de court tout le monde en annonçant la fin du dialogue avec les Talibans afghans, provoquant une réaction virulente de ces derniers à travers un communiqué avertissant que Washington souffrirait "plus que tout autre" en Afghanistan. Cette annonce intervient à la veille d'une rencontre à Camp David entre M. Trump et le président afghan, Ashraf Ghani, et une autre avec des représentants des Talibans. "Ils étaient en route pour les Etats-Unis ce soir mais j'ai immédiatement annulé la réunion", a-t-il précisé sur Twitter. "Malheureusement, pour tenter à mauvais escient d'accroître la pression, les Talibans ont reconnu un attentat à Kaboul qui a provoqué la mort d'un de nos grands grands soldats et de onze autres personnes", a-t-il souligné pour défendre sa décision spectaculaire de "mettre fin aux négociations de paix". Le président afghan avait pour sa part fait savoir hier qu'il demeurait "prêt à travailler avec les Etats-Unis et d'autres alliés pour arriver à une paix durable". Kaboul ayant été jusqu'ici tenu à l'écart des négociations, le président a jugé que "toute future initiative devrait être menée par l'Afghanistan et le gouvernement afghan", selon son porte-parole Sediq Sediqqi. Réagissant à cette décision, les Talibans ont publié un communiqué virulent, même s'ils ont montré de la diponibilité à renouer le dialogue avec Washington. Les Talibans ont averti en effet en milieu de journée les Etats-Unis qu'ils souffriraient "plus que tout autre" en Afghanistan. Le mouvement rebelle souligne dans un communiqué qu'il ne se satisfera de "rien d'autre que d'une fin de l'occupation (...) et poursuivra son djihad pour atteindre ce grand objectif". "L'Amérique souffrira plus que tout autre, sa crédibilité sera entamée... ses pertes humaines et financières vont augmenter...", a insisté ce mouvement. "Nous avons lancé un appel à la compréhension mutuelle il y a vingt ans, nous restons sur cette position et nous croyons que la partie américaine reviendra à cette position". Les Etats-Unis ont engagé il y a un an des négociations directes et inédites avec les Talibans, qu'ils ont chassés du pouvoir en Afghanistan dans la foulée des attentats du 11 septembre 2001, perpétrés par le groupe Al-Qaïda. Hier, le chef de la diplomatie américaine, Mike Pompeo, a laissé entendre que la reprise des négociations avec les Talibans n'est pas exclue, à condition que les insurgés "changent d'attitude" et respectent leurs engagements. "J'espère que les Talibans vont changer d'attitude et confirmer les engagements qu'ils avaient pris. Au bout du compte, tout cela devra être résolu par le dialogue", a-t-il dit sur la chaîne ABC. "On a besoin d'un engagement significatif de la part des Talibans pour reprendre les discussions", a-t-il ajouté. "Si les Talibans ne se comportent pas mieux, s'ils ne tiennent pas les engagements qu'ils ont pris auprès de nous pendant des semaines, voire des mois, le président des Etats-Unis ne va pas réduire la pression. Nous n'allons pas réduire notre soutien aux forces de sécurité afghanes", avait-il déclaré auparavant sur la chaîne CNN. Lyès Menacer/Agences