Ce nouvel acte mené par les étudiants et des citoyens a été une réponse cinglante au discours ambiant du pouvoir et un rejet catégorique de l'élection présidentielle telle que proposée par le chef d'état-major de l'armée. Coïncidant avec la visite du chef d'état-major de l'armée à Constantine, la 29e marche des étudiants à Constantine aura été grandiose en tous points de vue. Que ce soit en nombre, en intensité ou encore en résonance des chants et slogans dans les entrailles de la ville, tout paraissait plus fort, plus percutant comparé aux dernières manifestations marquées par les grandes chaleurs. Hier, ce nouvel acte mené par la communauté universitaire et des citoyens a été marqué par une mobilisation qui semble reprendre graduellement de l'ampleur avec la reprise des cours. Il a également été une réponse cinglante au discours ambiant du pouvoir et un rejet catégorique de l'élection présidentielle proposée par le chef d'état-major de l'armée dans son dernier discours où il suggérait la convocation du corps électoral pour le 15 septembre et l'organisation de la présidentielle dans les délais fixés par la loi. À ce propos, les étudiants ont répondu à l'unisson : "Makanch l'vote ya s'hab el-kaskrot" (Adeptes du casse-croûte, il n'y aura pas de vote), "Pas d'élection avec les traîtres", "Gaïd Salah dégage", "Makanech intikhabet maâ el-îssabet" et "Asmaâ ya l'Gaïd dawla madania machi aâskaria''. En effet, pas de répit pour les étudiants qui ont battu le pavé, en ce jour férié, sous une pluie torrentielle pour réaffirmer leur engagement et leur détermination à faire aboutir leurs revendications pour un changement radical du système politique et l'instauration d'une vraie république. En empruntant l'itinéraire habituel, les marcheurs ont scandé des slogans contre le panel de dialogue, l'élection présidentielle et le chef d'état-major de l'armée. "Dawla madania, machi âaskaria", "Karim Younès à la poubelle", "Djazaïr hourra dimocratia", "Y en a marre des généraux" et bien d'autres slogans tels que "Bensalah dégage, Bedoui dégage" ont retenti tout au long de la marche où ils ont également tenu à réaffirmer leur attachement à la souveraineté populaire. En conséquence, ils ont fulminé "Siada chaâbia, marhala intiqalia" (Souveraineté populaire, période transitoire) ainsi que d'autres slogans réclamant la libération des détenus d'opinion et du moudjahid Lakhdar Bouregâa. Devant la cour de justice et le tribunal de Constantine où des haltes ont été observées, les manifestants ont pointé du doigt le chef d'état-major de l'armée reprenant en chœur : "Sahafa horra, adala moustakila" (Presse libre, justice indépendante), "Libérez khawetna oua jibou ouled El-Gaïd" (Libérez nos frères et ramenez les enfants de Gaïd Salah), "Libérez Bouregâa" ou encore "Adala betilifoun, El Gaïd wela feraoun" (Justice du téléphone, Gaïd est devenu un pharaon). Sur l'avenue Belouizdad (ex-Saint-Jean), les étudiants ont marqué des arrêts pour entonner des chants patriotiques, notamment l'hymne national. À la fin de ce 29e mardi de mobilisation estudiantine qui marque le retour en force de la protestation, la communauté universitaire accompagnée, cette fois, par de nombreux citoyens, a organisé un débat sur l'élection présidentielle souhaitée par le chef d'état-major de l'armée, mais unanimement rejetée par les marcheurs.