Comme annoncé par plusieurs sources, la veille, notamment après que l'information faisant état de l'arrestation de la figure locale du hirak, Samir Benlarbi, a été confirmée, la manifestation contre le système du 30e mardi a eu lieu hier. Elle a même été aussi importante et aussi grandiose que celle du vendredi, en termes de participation et d'engagement. Plusieurs milliers de citoyens, parmi lesquels un grand nombre de femmes, se sont rassemblés sur le Cours de la Révolution, dès 10h30, avant de marcher en direction du siège de la wilaya. Parfaitement encadrés et faisant unanimement écho aux slogans scandés par des jeunes dans des mégaphones, les manifestants ont crié leur rejet de l'élection présidentielle du 12 décembre prochain, comme tentent de l'imposer les tenants actuels du pouvoir. Pacifique mais néanmoins déterminée à faire valoir son droit à la parole, la foule a répondu "Non au vote organisé par la bande" et "Gaïd Salah, t'voti ouehdek" (Gaïd Salah, tu voteras tout seul !). Un refus catégorique et sans appel, qui a été adressé tout particulièrement au chef d'état-major de l'armée, accusé ouvertement de collusion avec les résidus du bouteflikisme déchu. Le chef de l'Etat par intérim, Abdelkader Bensalah, et le Premier ministre, Noureddine Bedoui, qui tous deux représentent ce qui subsiste encore du régime honni, ont été également pris à partie par les protestataires, devenus encore plus nombreux vers midi. Comme ils n'ont cessé de le réclamer depuis le début du hirak, les Annabis ont exigé leur démission aux cris de "Bedoui et Bensalah lazem ytirou, ouallah ma na habsine" (Bedoui et Bensalah doivent impérativement partir sinon nous ne nous arrêterons pas) et "Sallimou essolta lechaâb" (Rendez le pouvoir au peuple). Les marcheurs ont dénoncé les menaces et les intimidations policières, dont font constamment l'objet les meneurs identifiés du hirak populaire, en réclamant avec véhémence la libération immédiate de ceux qui ont été emprisonnés. Evoquant les plus récentes d'entre ces arrestations qualifiées d'arbitraires, jeunes et moins jeunes ont scandé : "Libérez khaouetna ! Libérez Tabbou, libérez Benlarbi !"