Les robes noires ont exprimé leur rejet de l'élection présidentielle et ont appelé à la libération des détenus d'opinion. C'est une véritable démonstration de force qu'ont menée, avant-hier, jeudi, les avocats de Tizi Ouzou qui se sont mobilisés massivement dans la rue pour exprimer, d'une part, leur désaveu envers l'Union nationale des barreaux qui a accepté de s'impliquer dans la surveillance de l'élection du 12 décembre prochain, et, d'autre part, réaffirmer leur engagement aux côtés du peuple dans sa révolution. Ce sont, en effet, plus d'un millier d'avocats venus de toutes les circonscriptions judiciaires de la wilaya qui ont pris part à la marche initiée jeudi par l'ordre des avocats. La marche s'est ébranlée du siège de la cour de justice, située à la sortie ouest de Tizi Ouzou, pour suivre l'itinéraire menant jusqu'au tribunal du centre-ville. Excédés par la décision de l'Union nationale des barreaux de répondre favorablement à la proposition de désignation de membres dans la commission des élections, les avocats qui ont tenu à désavouer leur organisation nationale et à se démarquer de sa position, ont entamé leur marche en scandant : "L'Union nationale ma tmethelnach", (l'Union nationale ne nous représente pas). Tout au long de l'itinéraire, les hommes et les femmes en robes noires ont ensuite exprimé leur rejet de l'élection présidentielle en scandant : "Ulac l'vot ulac", "Makache intikhabate ya el-îssabate". Réaffirmant ensuite leur engagement aux côtés du peuple, les avocats ont repris en chœur la plupart des slogans en vogue dans la rue. "Esmâa ya El-Gaïd, daoula madania, matchi âaskaria", "Y en a marre des généraux", "Djazaïr houra democratia", "À bas la répression, libérez les détenus", "Anelhou anelhou alama yeghli udavu", "Gaïd Salah, Bensalah erahlou" ainsi que "Barakat barakat min khitab el casernate", ce sont là certains slogans scandés par les avocats qui ont tenu également à dénoncer "l'instrumentalisation de la justice" par le pouvoir en criant : "Warakoum, warakoum ya koudhat tiliphoune", "Adala houra démocratia". Sur une large banderole déployée en tête du premier carré, on pouvait lire : "Vous avez le tribunal d'Alger, nous avons le tribunal de l'histoire." Sur d'autres, il était écrit : "La justice en feu : la détention arbitraire partout, la justice nulle part. Non à l'instrumentalisation et à la mise à mort de la justice. Libérez les détenus d'opinion", "Non à l'esclavage du peuple", "Non à l'embargo imposé à la capitale", "Non à la violation de l'article 105 de la déclaration universelle des droits de l'Homme". Interrogé sur le retour des avocats dans la rue, Me Hamid Morsli nous a expliqué qu'il est question avant tout d'"exiger à l'Union nationale le respect des 11 résolutions adoptées lors de l'AG de Béjaïa le 6 juillet dernier, et de rester aux côtés du peuple même si cela peut nous coûter cher". "L'Union nationale, fidèle à ses anciennes pratiques, a organisé une réunion de bâtonniers, au cours de laquelle elle a désigné deux membres pour faire partie de la commission du vote de la honte. Le barreau de Tizi Ouzou n'a jamais changé de position et pour cela nous saluons le bâtonnier de Tizi Ouzou", a-t-il ajouté tout en plaidant pour la mise en place d'une nouvelle structure nationale où, dit-il, "la présence des cachiristes sera évitée". Même son de cloche chez son confrère Me Badredine Bouallag. "Nous sommes revenus dans la rue pour informer l'opinion publique que les avocats de Tizi Ouzou sont toujours avec le peuple et se démarquent de la décision de la honte de l'Union nationale", a-t-il déclaré. Samir LESLOUS