À peine sa candidature confirmée par le Conseil national de son parti, qu'Ali Benflis a promis de faire des révélations sur Tebboune qu'il accuse de consacrer le 5e mandat autrement. L'ancien chef de gouvernement (1999-2003) et président de Talaie El-Houriat, Ali Benflis, est officiellement candidat à l'élection présidentielle du 12 décembre. Ce jeudi, le comité central du parti a donné une apparence démocratique à une décision déjà entérinée par la direction du parti. Pour le candidat malheureux aux scrutins de 2004 et 2014, alors qu'il pensait qu'il était soutenu par l'institution militaire, le rendez-vous du mois de décembre "est une opportunité à saisir pour une sortie de la crise". Il a précisé que sa participation à cette élection "n'est pas un ralliement intéressé ou obligé à une quelconque feuille de route par calcul politique. Elle procède de convictions bien ancrées". De son point de vue, contrairement au scrutin du 4 juillet, les conditions sont réunies cette fois-ci "au plan institutionnel, légal et procédural". Dans son discours inaugural de la 7e session du comité central du parti, Ali Benflis s'est longuement étendu sur les 4 mandats du président déchu Abdelaziz Bouteflika, le rendant coupable de tous les malheurs de l'Algérie et des Algériens, soit la corruption, le verrouillage des médias publics et privés qui "sanctifiaient la personne du président absent", le harcèlement sur l'opposition politique, le ligotage des droits et libertés, une justice aux ordres… Des vices d'un régime quasiment démantelé, selon lui. "Les têtes des forces extraconstitutionnelles, les principaux exécutants du programme virtuel du président et les figures emblématiques de la clientèle du régime ont été neutralisés grâce à l'accompagnement (…) de l'état-major de l'Armée nationale populaire". Il a sous-entendu que ces pratiques relèvent désormais du passé. Il n'a pas proféré un mot sur les arrestations en cascade de manifestants et de militants politiques, malgré les questions itératives des journalistes sur ce point précis durant la conférence de presse qu'il a improvisée dans le hall de l'Ecole supérieure de l'hôtellerie et de la restauration à Alger. Il se limitait, à chaque fois, à affirmer qu'il restait attaché à la plateforme des forces du changement adoptée le 6 juillet à Aïn Benian, sans s'aventurer à trancher clairement sa position sur l'incarcération de Lakhdar Bouregâa, de Karim Tabbou, de Samir Belarbi, de Fodil Boumala, des militants du RCD et du RAJ ainsi que des dizaines de citoyens inculpés pour port de l'emblème amazigh ou de pancartes avec des slogans de la révolution. Il a fallu acculer franchement M. Benflis sur l'interdiction de manifester à Alger décrétée par le commandement militaire contre les Algériens ne résidant pas dans la capitale pour qu'il consente à déclarer : "Je suis contre le rétrécissement des droits, des libertés et de manifester." Il a souhaité, en outre, le départ du gouvernement Bedoui, sans le poser comme un préalable à sa candidature à la magistrature suprême. Il n'a pas épilogué, non plus, sur le rejet de la présidentielle par des centaines de milliers de citoyens qui l'expriment haut et fort, dans les marches du vendredi et du mardi. "Je ne dis pas que le peuple a tort. C'est lui qui nous a libérés", a esquivé le prétendant au palais d'El-Mouradia. En revanche, le président de Talaie El-Houriat s'est complètement lâché, quand les représentants de la presse nationale ont évoqué l'autre actualité du jour : le retrait des formulaires des parrainages par l'ancien ministre de l'Habitat et Premier ministre Abdelmadjid Tebboune. "La candidature de Tebboune est la consécration d'un 5e mandat sous un autre nom. J'aurai des choses à dire sur lui pendant ma campagne électorale", a-t-il averti.