Les Béjaouis sont sortis hier plus nombreux que les semaines précédentes. Ce qui témoigne de leur détermination à arracher leurs droits pour une "Algérie meilleure", tel qu'écrit sur une pancarte par un manifestant. En effet, une véritable marée humaine a déferlé sur le centre de Béjaïa en cette 34e marche du vendredi, qui a été une réussite sur tous les plans, de l'aveu de tous les acteurs politiques et sociaux rencontrés lors de cette manifestation. Et cette très forte mobilisation a été marquée, une nouvelle fois, par une participation significative des jeunes, qui reviennent en force, mais aussi des femmes, des seniors et des personnes à mobilité réduite. Tous ont repris en chœur un slogan qui en dit long sur leur détermination à changer radicalement le système et qui les rend optimistes quant à la suite des événements : "Nehina chiatine, mazal elahacine" (On a eu raison des partisans de la brosse, ils restent les serviles, les aplaventristes) ou encore "Chaâb mahou habess" (Le peuple ne s'arrêtera pas). Et sur une pancarte, on a écrit : "Nous irons tous en prison. Mais jamais aux urnes." Après avoir planté le décor et affiché clairement leur intention de poursuivre la lutte, ils ont enchaîné en s'attaquant une nouvelle fois au chef d'état-major, le général Gaïd Salah : "Olé, ola ! nehina charita. Olé, ola ! Mazal boualita". Les manifestants ont ensuite scandé à l'unisson leurs slogans : "El Djazaïr tedi el-istiqlal" (L'Algérie veut son indépendance) ; "Djazaïr houra dimokratia" (Algérie libre et démocratique). Dans une marche colorée par les drapeaux national et amazigh, les manifestants, tout en brandissant des banderoles et des photos des détenus d'opinion telles celles de Karim Tabbou, de Lakhdar Bouregâa et de Fodil Boumala, ont scandé : "Klitou lebled ya serakine" (Vous avez siphonné les richesses du pays, bandes de voleurs) et affirmé que le vote n'aura pas lieu : "N'touma astalihoum, h'na n'huhoum" (Vous pouvez les installer, nous, nous les dégagerons), allusion sans doute au futur président, qui sera issu de l'élection du 12 décembre prochain et qui n'aura pas la légitimité populaire bien qu'ils jurent que le vote ou l'élection n'aura pas lieu. Les manifestants ont dénoncé, en outre, la loi de finances 2020 et plus singulièrement la loi sur les hydrocarbures. Forcément, sur des banderoles, on a pu lire : "Non à la loi de finances 2020. Non à la loi sur les hydrocarbures. Non aux nouvelles réformes sur la retraite. Et non à la présidentielle du 12 décembre 2019."