Hier, le message lancé lors de la marche citoyenne organisée par le Collectif des jeunes de Haïzer (est de Bouira), au chef-lieu de la wilaya, s'adressait aux juges. "Ouladna machi bandiya" (Nos enfants ne sont pas des bandits), ont scandé les manifestants qui ont réclamé la libération "immédiate et inconditionnelle" de l'ensemble des détenus d'opinion. En effet, la grande mobilisation d'hier a rassemblé plusieurs centaines de personnes qui ont unanimement condamné les arrestations "arbitraires" des manifestants interpellés dans le cadre de la révolution populaire contre le système. Ainsi, c'est vers 10h que des centaines de manifestants ont commencé à se regrouper sur la place des Martyrs de Bouira, lieu de départ de cette énième action, pour exiger la libération de l'ensemble des prisonniers, dont six sont de la wilaya de Bouira. Munis de banderoles et autres pancartes où il était écrit : "Libérez les otages", "Libérez la justice", les manifestants ont sillonné les différentes artères de la ville de Bouira en scandant des slogans hostiles au pouvoir en place. "Nous voulons une justice juste et impartiale. Nos enfants n'ont commis aucun crime répréhensible par la loi. Leur seul et unique tort, c'est d'avoir exprimé leur opinion quant au devenir de leur patrie. Cela fait-il d'eux des bandits ?" dira un manifestant. D'autres ont dénoncé le caractère "arbitraire" de ces arrestations, estimant qu'elles traduisent "la volonté du pouvoir de museler toute voix qui peut s'opposer à ses desseins et sa volonté à se maintenir coûte que coûte". Pour les marcheurs, la mise sous mandat de dépôt de Lakhdar Bouregâa, de Karim Tabbou, de Fodil Boumala et d'Abdelouahab Fersaoui, président de l'association Rassemblement Actions Jeunesse (RAJ), est une preuve de plus que la justice, selon eux, est à "la solde du pouvoir". "Nous resterons mobilisés jusqu'à la libération de l'ensemble des détenus, car vis-à-vis de la loi ils n'ont absolument rien fait de mal, si ce n'est brandir un drapeau qui symbolise notre culture et notre identité ou ont tout simplement exprimé une opinion", ont-ils indiqué. D'autres contestataires ont signifié haut et fort leur rejet catégorique du projet de loi sur les hydrocarbures assimilé à un "bradage des richesses du pays" et surtout à une "trahison" contre le pays. Une fois arrivés devant le siège l'Autorité nationale indépendante des élections (Anie) locale, son coordinateur à l'échelle de Bouira, ainsi que les membres qui la composent ont été copieusement conspués par les manifestants. À 11h15, il y avait foule à proximité du siège de la cour de justice de Bouira, lieu de rassemblement des protestataires. Ces derniers ont, une fois encore, protesté contre ce qu'ils ont qualifié de "justice aux ordres". Les manifestants ont ensuite adressé un message aux magistrats, plus précisément à ceux du tribunal de Sidi M'hamed : "Ouladna machi bandiya, libérez nos enfants !"