La marche organisée, hier, à Tizi Ouzou, en soutien au mouvement populaire, à l'appel des structures de wilaya de la CSA, a drainé une foule immense. Cette démonstration de force a débuté à 10h avec un rassemblement qui a duré environ une heure au centre-ville. À peine les premiers groupes d'enseignants, de travailleurs de la santé et d'employés des collectivités arrivés sur la placette, que les habituels slogans du mouvement populaire commençaient à fuser. "Makache intikhabate ya el-îssabate", "Barakat, barakat min nidham el-îssabate", "Djazaïr amana, baâtouha ya el-khaouana", "Djazaïr hourra démocratia", scandait la foule. Un nombre important d'avocats, dont le collectif avait lancé la veille un appel à se joindre à la marche de la CSA, se sont joints au rassemblement. À 11h, la foule s'est ébranlée en empruntant l'itinéraire menant vers la place de L'Olivier. Sur des pancartes brandies, on pouvait lire "Halte à la dictature, oui à la liberté d'expression. Libérez les détenus". Arrivée sur la placette faisant face au siège de la sûreté de wilaya et à la cour de justice, la foule scandait : "La justice, la police : tout le monde est complice !" Avant de se disperser, la foule a scandé à maintes reprises "Allahou Akbar, Novembre rahou djay", allusion à la grandiose marche attendue vendredi prochain. Par ailleurs, des milliers de travailleurs et de citoyens ont répondu à la marche pacifique organisée, hier, à Béjaïa. Cette énième démonstration de force, qui s'inscrit dans le sillage des actions du mouvement populaire, a été soutenue par les partis politiques et les organisations regroupés autour du Pacte de l'alternative démocratique (PAD). Si le mot d'ordre de grève générale, auquel avaient appelé ces acteurs politiques et sociaux, a été peu suivi, la marche qui s'est ébranlée vers 10h, depuis la maison de la culture Taos-Amrouche vers le palais de justice, a drainé une foule immense. En effet, la mobilisation citoyenne a été tellement importante que la procession humaine s'est scindée en plusieurs carrés. Outre les travailleurs mobilisés en force, des cadres et militants politiques issus des partis de la mouvance démocratique (FFS, RCD, PT, PST, MDS, Jil Jadid…), des syndicalistes, ainsi que des animateurs du RAJ et de la Laddh étaient au rendez-vous. Les manifestants ont déployé des banderoles et brandi des pancartes portant des slogans chers au hirak. "Pour la libération immédiate des détenus d'opinion et politiques", "Ulac l'vote ulac" (Pas de vote), "Nous rejetons la loi sur les hydrocarbures et la loi de finances 2020", "Pour le respect des libertés démocratiques", "Pour un processus constituant en tant qu'expression de la volonté populaire"… sont autant de slogans mis en avant par les marcheurs. Arrivée au carrefour de Nacéria, rebaptisé symboliquement du nom du chanteur assassiné Matoub Lounès, la foule a été invitée à observer une minute de silence à la mémoire de la moudjahida Ratiba Chergou, l'épouse de feu Hachemi Chérif, qui vient de quitter ce monde.