Le conflit entre les magistrats et le ministère de la Justice revêt désormais un caractère politique avec la qualification de la grève illimitée déclenchée par ce corps de "rébellion et désobéissance" par le directeur général des affaires juridiques et judiciaires au département de Zeghmati, Abdelhafid Djerir, et l'usage de la force publique contre les grévistes. "Personnellement, je ne pense pas que nous sommes dans un cadre de grève. Nous sommes en rébellion. Nous sommes en désobéissance. Il est dommage que les magistrats, qui sont garants de la législation et du respect des lois de la République, agissent de la sorte", a regretté M. Djarir, dans une intervention à la radio Chaîne 3. "Nous comprenons l'exercice du droit syndical. Mais pourquoi aller vers cette rupture, cette paralysie du service public de la justice ? Qu'a fait le citoyen pour être doublement victime ? Vous imaginez certains citoyens déjà victimes d'infractions sur le plan pénal et encore victimes de ne pas réparer leurs préjudices et de ne pas voir leurs dossiers aboutir ?", s'est-il ensuite interrogé, allant jusqu'à afficher une détermination à sévir contre les grévistes. Le ministère de la Justice a instruit, dans une correspondance rendue publique, samedi soir, les présidents de cour et les procureurs généraux d'établir une liste des noms des magistrats grévistes, mais non concernés par le mouvement de mutation. Au pas de charge, la chancellerie poursuit également ses tentatives de contourner le mouvement de grève. Et si, hier, le Syndicat national des magistrats campait toujours sur ses positions, cependant, aucune réaction de sa part n'a été enregistrée par rapport à ce qui s'est passé à Oran. Les cours et tribunaux étaient toujours à l'arrêt hier, au huitième jour de la grève illimitée des magistrats déclenchée en guise de protestation contre le mouvement de mutation qui a touché près de 3 000 d'entre eux.