En dépit du froid glacial qui sévit ces jours-ci en Kabylie, la 38e marche hebdomadaire de la communauté universitaire de la wilaya de Béjaïa a connu, hier, une forte mobilisation des étudiants, enseignants, syndicalistes, travailleurs et autres acteurs sociaux et politiques. Il faut dire que ce rendez-vous hebdomadaire avec la manifestation de rue a pris une autre dimension depuis que les syndicats autonomes, les partis politiques et les associations regroupés autour du Pacte de l'alternative démocratique (PAD) ont rejoint les rangs de cette marche estudiantine. Si les membres de la communauté universitaire se donnent rendez-vous chaque mardi matin devant le portail du campus de Targa-Ouzemour, les autres marcheurs se rassemblent habituellement sur l'esplanade de la maison de la culture Taos-Amrouche, point de ralliement des manifestants. Arborant des banderoles et des pancartes portant des slogans hostiles au pouvoir et au processus électoral en cours, la foule met en avant le rejet du scrutin présidentiel prévu le 12 décembre prochain, comme étant une réponse cinglante de la rue aux condamnations prononcées la veille à l'encontre des porteurs du drapeau amazigh. Rappelons que cette marche du mardi avait pour point de chute, auparavant, la place de la Liberté de la presse Saïd-Mekbel. Mais depuis la première vague d'arrestations et d'incarcérations de militants du hirak, cette manifestation hebdomadaire s'achève devant le palais de justice de Béjaïa. C'est dire que le choix de cet endroit n'est guère fortuit. Une façon pour les manifestants d'interpeller les autorités judiciaires sur la question des détenus politiques et d'opinion. "Libérez les otages", "Libérez la justice", "El âadala belqanoun, machi betelephone" (La justice doit obéir à la loi et non au téléphone), "Djazaïr hourra democratiya" (Pour une Algérie libre et démocratique), scandent-ils à tue-tête devant le portail principal de cette institution judiciaire. À noter qu'à l'issue de cette marche pacifique un groupe de manifestants a assiégé, hier après-midi, le bloc administratif de la wilaya de Béjaïa abritant le siège flambant neuf de l'Autorité nationale indépendante des élections (Anie). Remontés contre l'ouverture de ce bureau chargé de l'organisation du scrutin présidentiel, ces activistes du hirak ont dénoncé haut et fort les membres de cette instance qu'ils qualifient de "traîtres" et de "cachiristes". "Ba3ouha el khawana, ba3ouha" (L'Algérie est vendue par les traîtres), "Makanch intikhabat ya chiyatine" (Il n'y aura pas d'élection, espèces de lèche-bottes), "Fi Béjaïa makanch el cachir" (À Béjaïa, pas de cachir), ont-ils clamé devant l'entrée dudit bloc administratif. K. Ouhnia