Les partisans de l'élection présidentielle, en majorité des représentants du RND, du FLN, du MSP et des organisations de masse proches du pouvoir, telles que l'UGTA, ont organisé jeudi matin leur deuxième marche pour tenter de convaincre les Oranais de se rendre aux urnes le 12 décembre. Evoluant par carrés éloignés les uns des autres pour donner l'illusion du nombre, les marcheurs ont été surpris rue Larbi-Ben M'hidi par une pluie de photocopies de 1 000 DA qu'un opposant à l'élection a lancée symboliquement depuis la terrasse d'un immeuble. "Je me serais peut-être arrêté aujourd'hui, mais je vais jeter ces coupures sur ces personnes qui marchent contre de l'argent pour exprimer mon refus de l'élection", a déclaré l'homme dans un post vidéo. On ignore si le perturbateur a été interpellé, mais l'on sait que la police, présente en force pour protéger la marche pro-Gaïd, avait déjà dispersé des hirakistes qui avaient tenté le déplacement à la place du 1er-Novembre, et interpellé deux manifestants avant de les relâcher un peu plus tard. Emmenés par des figures connues des partis au pouvoir, tels que le sénateur Abdelhak Kazi Tani pour le RND, et des responsables locaux du FLN, les partisans du vote ont battu le pavé en reprenant quelques slogans propres au hirak, mais remasteurisés version pro-vote. Les opposants à la présidentielle, comme certaines personnalités proches du mouvement hirakiste, ont été copieusement vilipendés par les manifestants qui les ont traités de harkis et de traîtres à leur pays. La plupart des banderoles brandies appelaient au vote et dénonçaient l'ingérence étrangère, notamment européenne. Comme lors de leur marche du 16 novembre, les partisans de l'élection du 12 décembre ont bénéficié d'un accompagnement policier auquel les manifestants du hirak n'ont jamais eu droit : un nombre impressionnant de tuniques bleues, de véhicules de police éparpillés sur l'itinéraire parcouru entre la place du 1er-Novembre et le siège de la wilaya, voies momentanément fermées à la circulation automobile (boulevard de la Soummam, Emir-Abdelkader, rampe Commandant-Ferradj…), ont engendré un important embouteillage sur d'autres boulevards. Bref, aucun effort n'a été épargné pour réussir une manifestation qui, au final, s'est avérée un non-événement dans une ville qui vit quotidiennement au rythme des marches contre la présidentielle.