Le leader druze Walid Joumblatt, chef du Parti socialiste progressiste, a dénoncé hier une volonté "étudiée de saboter la révolution pacifique". Les consultations parlementaires pour la formation d'un nouveau gouvernement au Liban ont été une nouvelle fois reportées, dans un contexte de plus en plus incertain, notamment après une deuxième nuit de violence à Beyrouth, où les manifestants ont fait face à une violente répression. Le président libanais, Michel Aoun, a décidé de reporter au jeudi 19 décembre les consultations parlementaires contraignantes prévues hier et visant à nommer un futur Premier ministre. Selon un communiqué de la Présidence, le Premier ministre sortant Saad Hariri, qui est pressenti pour présider le futur cabinet, a contacté le palais de Baabda dans la matinée pour demander un report des consultations afin de pouvoir mener davantage de tractations concernant la formation du gouvernement. Une requête à laquelle le président Aoun a répondu favorablement, mais qui risque toutefois d'enfoncer un peu plus le pays dans une situation de blocage total, alors que le pays vit déjà une des pires crises politiques de son histoire. Les manifestants qui occupent les rues quasi-quotidiennement exigent la formation d'un gouvernement de compétence en rupture avec les cooptations habituelles dictées par des considérations communautaires et confessionnelles comme cela se faisait depuis toujours au Liban. Mais visiblement, la classe politique dirigeante semble avoir du mal à lâcher le pouvoir, à sa tête le Hezbollah qui fait partie du gouvernement démissionnaire. Son chef Hassan Nasrallah a plaidé vendredi pour un gouvernement alliant toutes les forces politiques avec "une représentation la plus large possible", sous la houlette de M. Hariri. Ce que la rue rejette. Le Courant patriotique libre (fondé par le président Aoun) a annoncé, quant à lui, par l'intermédiaire de son chef, le ministre sortant des Affaires étrangères Gebran Bassil, qu'il ne participerait à aucune équipe ministérielle présidée par Saad Hariri. À cela s'ajoute la conjoncture économique menaçante. Si rien n'est fait à court terme, le pays court le risque d'une véritable faillite financière. Le Liban est parmi les pays les plus endettés au monde. Un tiers de la population vit sous le seuil de la pauvreté. Plusieurs observateurs craignent de voir le pays sombrer dans la violence à cause du statu quo persistant en haut lieu. Dans la nuit de dimanche, Beyrouth était plongée pour la deuxième nuit consécutive dans des violences ayant causé des dizaines de blessés. Hier, le leader druze Walid Joumblatt a dénoncé une volonté "étudiée de saboter la révolution pacifique", après les violences de la veille. "Etant donné les ingénieries étudiées qui visent à saboter la révolution pacifique, des éléments extérieurs ont lancé des émeutes pour justifier que les manifestants soient passés à tabac et que le centre-ville de Beyrouth soit vandalisé", a dénoncé le chef du Parti socialiste progressiste sur Twitter.
L'ONU appelle à une enquête sur l'usage excessif de la force Le coordinateur spécial de l'ONU pour le Liban, Jan Kubis, a plaidé hier en faveur d'une enquête sur l'usage excessif de la force dans la répression des manifestations au Liban, après un week-end d'affrontements entre protestataires et forces de l'ordre. M. Kubis a souligné sur Twitter la nécessité d'une "identification des instigateurs de la violence", estimant "nécessaire" une enquête (...) sur l'usage excessif de la force par les forces de sécurité. Tirs de gaz lacrymogène et de balles en caoutchouc, jet de pierres et accrochages à coups de matraque et de bâton ont émaillé la mobilisation ce week-end, près du siège du Parlement. Sur Twitter, Diala Haidar, de l'ONG Amnesty International, a dénoncé un "usage excessif de la force" contre les manifestants. La Croix-Rouge libanaise a dit avoir soigné sur place 45 personnes — manifestants et policiers —, dans un bilan communiqué à des médias.