Ceux qui ont misé sur l'essoufflement de la mobilisation estudiantine après la présidentielle sont désormais appelés à revoir leurs calculs après la 43e marche de la communauté universitaire de Tizi Ouzou qui a été encore plus imposante que celles qui ont précédé le scrutin. Un nombre impressionnant d'étudiants a, en effet, investi la rue, hier, pour marquer, comme aime à l'appeler la vox populi, "le début de la saison II de la révolution populaire" et pour répondre à l'offre de dialogue d'Abdelmadjid Tebboune. À 11h, heure où la marche a démarré depuis le campus Hasnaoua pour rejoindre la place de L'Olivier, l'impressionnante foule, composée majoritairement d'étudiants auxquels des citoyens se joignaient au fur et à mesure qu'ils avançaient, n'a cessé de scander des slogans exprimant le rejet de tout dialogue avec Tebboune qui n'est, comme il était porté sur plusieurs pancartes, qu'un "président illégitime" et "le fruit d'un même système qui a badigeonné sa façade pour tromper le peuple". Tout au long de l'itinéraire emprunté, les manifestants scandaient notamment : "Pas de dialogue, partez", "Nous tenons bon, le peuple n'est pas à vendre". Sur des pancartes brandies, on pouvait lire entre autres : "Nous, les hirakistes, ne te reconnaissons pas pour dialoguer avec toi, si tu veux un dialogue, commence par regarder du côté de la prison", "Si vous voulez un dialogue, nos représentants sont en prison", "Comment dialoguer avec un président de 0,04% ?". Au-delà du dialogue qu'ils rejettent, c'est aussi et surtout l'intronisation de cet ex-ministre du régime Bouteflika, que les manifestants ont dénoncée de manière virulente. "Nous continuerons à être pacifiques jusqu'au départ de Tebboune", scandait la foule pour ainsi réaffirmer à la fois sa détermination à poursuivre le combat, pacifiquement, jusqu'à la chute de Tebboune. Les slogans habituels du mouvement populaire, tels que "Indépendance", "Nous sommes les enfants d'Amirouche, nous ne ferons pas marche arrière", ont été également largement scandés par les étudiants qui, pour certains, se sont bandé un œil en signe de solidarité avec ceux qui ont été blessés par les bombes lacrymogènes des policiers durant ou au lendemain du scrutin du 12 décembre, notamment en Oranie où les forces de l'ordre ont fait preuve d'une rare violence. Plusieurs pancartes portant des messages de solidarité et de soutien avec les victimes de cette répression ont été brandies durant la marche d'hier à Tizi Ouzou. La foule s'est dispersée peu avant 14 heures.