Incontestablement, au sein de la Fédération algérienne de football, il y a comme une envie forte de ne pas franchir le rubicond des sanctions en ce qui concerne les dossiers litigieux inter- clubs. Une réglementation cacophonique, enfantée par de longues années de gestion désastreuse de la FAF en matière de transferts et mutations de joueurs, rend aujourd'hui complexe le retour à la normale, c'est-à-dire la mise en place de mécanismes réglementaires fiables. En effet, la fédération a beau vouloir rapidement opérer une réforme salutaire dans ce domaine, elle ne peut raisonnablement balayer d'un revers de main les vestiges de longues années de pratique, à la limite de ce qui est permis par la loi, pour ne pas dire autre chose. La gabegie a atteint un tel niveau que les joueurs eux-mêmes ignoraient leur propre “situation administrative”. D'aucuns naviguaient à vue sans savoir les termes d'un contrat, fait souvent à leur insu, du moins en ce qui concerne les points sensibles comme ceux inhérents à la durée du contrat ou encore aux indemnités pécuniaires. Tout cela se passait bel et bien au su et au vu des responsables fédéraux qui se sont succédé à la FAF et, désormais, il faudra bien une forte dose de pragmatisme à l'actuel bureau fédéral dans le règlement de ces litiges pour éviter la solution extrême de “l'application de loi”. Eh oui ! Il faut bien l'avouer, l'application des textes réglementaires signifierait, pour la plupart des cas, le couperet, soit pour les clubs concernés, soit pour les joueurs incriminés, d'où la frilosité apparente de la FAF. N'importe quel spécialiste en droit vous dira, du reste, que dans cette véritable tragédie des mutations, il y a largement de quoi envoyer les manipulateurs de contrats en prison. De la dynamite, quoi, prête à exploser, à quelques encablures de nouvelles élections à la FAF, ce qui ne correspond pas, bien entendu, à la bonne conjoncture. D'ailleurs, à voir de près la création “folklorique” d'une commission ad hoc, pour un règlement à l'amiable des litiges, répondait justement au désir de la FAF de ne pas provoquer l'inévitable étincelle. L'échec de cette commission était prévisible, dès lors que chaque partie campait sur sa position mais, pour la FAF, il était nécessaire d'offrir aux différentes parties concernées une chance de “se repentir” avant le passage au glaive de la justice. Un recours qui risque de révéler un véritable bourbier. Mais, un jour ou l'autre, il faudra bien trouver une solution à ces litiges et la FAF sera bel et bien obligée de crever l'abcès, ce qui constituerait, du reste peut être, une bonne cure pour des pratiques d'un passé ténébreux. S. B.