Plusieurs centaines de manifestants ont battu le pavé, avant hier, dans les rues de Béjaïa et clôturé en apothéose l'année avec le 45e mardi de mobilisation. Les Béjaouis ont tenu à poursuivre la lutte jusqu'à l'avènement de la nouvelle République qu'ils espèrent "démocratique et sociale" et à dénoncer le recours aux baltaguia ainsi qu'aux intimidations visant notamment les membres du Syndicat national des personnels de l'administration publique (Snapap). Et pour cette action, le gros des troupes est constitué par des enseignants et des étudiants, mais aussi de militants politiques, de syndicalistes, d'animateurs associatifs et de citoyens. Entamée depuis le campus de Targa Ouzemour pour la communauté universitaire et depuis l'esplanade de la Maison de la culture pour la société civile, notamment le Pacte de l'alternative démocratique de Béjaïa, la manifestation a été marquée par une grève générale, qui a touché plusieurs secteurs d'activité, à l'instar des filiales du groupe Sonelgaz, les collectivités locales à l'appel notamment du Snapap. Bien qu'en vacances, plusieurs dizaines d'enseignants et de travailleurs de l'éducation ont tenu à être présents à cette marche, devenue un "vendredi bis". Les manifestants ont scandé leurs slogans habituels : "Nous voulons l'instauration d'un Etat civil", "Algérie libre et démocratique". Mais aussi "Etat civil et non militaire", "Pouvoir assassin". Ils ont beaucoup insisté sur les principes, énoncés à Ifri le 20 Août 1956 lors du Congrès de la Soummam, à savoir pour un "Etat civil" et "La primauté du civil sur le militaire". En témoignent les photos d'Abane Ramdane, l'architecte de ce Congrès. Et, dans une déclaration rendue publique hier, le Pacte de l'alternative démocratique de la wilaya de Béjaïa a dénoncé les arrestations de milliers de personnes "qui expriment un avis différent" et le recours à des baltaguia (Oran, Tiaret, Bordj Bou-Arréridj, Constantine, etc.) qu'ils "dressent les uns contre les autres dans le but de fissurer le mouvement". Ils ont également dénoncé les attaques contre une organisation syndicale, le Snapap en l'occurrence, qui joue, selon la déclaration, un rôle déterminant dans cette révolution en cours, et ce, en "procédant à des poursuites disciplinaires à l'encontre de plusieurs dirigeants syndicaux dans la wilaya de Béjaïa, notamment le secrétaire général de la section syndicale de la daïra d'Amizour", qui devait comparaître, hier, devant la commission de discipline, en raison de leur adhésion au mouvement populaire. Aussi, les animateurs du Pacte ont appelé à une large mobilisation pour la journée de mardi ainsi qu'à une grève et décidé d'un rassemblement jeudi prochain devant le siège de la daïra d'Amizour pour exiger "l'arrêt de la répression, la libération de tous les détenus politiques et d'opinion, une transition démocratique sur la base d'un processus constituant, le rejet de la loi de finances 2020 et celle sur les hydrocarbures", et en dernier, l'annulation de toutes les procédures à l'encontre des syndicalistes du Snapap, poursuivis pour leur adhésion à la révolution populaire.