Depuis le début de l'offensive contre Tripoli, plus de 280 civils ont été tués, selon l'ONU. Plus de 2000 combattants ont en outre péri et 146 000 Libyens ont été déplacés, selon la même source. Le raid aérien mené samedi soir par les troupes du général Khalifa Haftar sur une école de la police à Tripoli a fait au moins 30 victimes et 33 blessés, selon le dernier bilan fourni par le ministère de la Santé du Gouvernement d'union nationale (GNA), internationalement reconnu. Le bilan risque de s'alourdir dans les heures et jours à venir, a rapporté l'agence de presse Reuters, citant le ministre de la Santé du GNA, Ahmeid Ben Omar, joint par téléphone. La récupération des restes des victimes, qui restent encore à identifier, se poursuit encore, a précisé la même source, soulignant que les équipes de secours ont été la cible de tirs sur la route menant à cette école. Selon les médias libyens, les troupes de Khalifa Haftar ont choisi le moment où les élèves policiers se réunissaient pour le dernier rassemblement de la journée, ce qui explique le nombre élevé de victimes, majoritairement âgées de moins de vingt ans. Tout en condamnant cette nouvelle attaque, le Conseil présidentiel du Gouvernement d'union nationale (GNA) libyen, dirigé par Fayez el-Serradj, a demandé à l'ONU de tenir "une réunion urgente", accusant des parties étrangères d'avoir appuyé ces raids, sans donner de détails. Alors que les troupes du général Haftar ont nié avoir été à l'origine de ce carnage, le GNA a affirmé que le raid de samedi soir s'inscrit dans le cadre "d'une série d'agressions ayant ciblé les aéroports civils de Mitiga et de Misrata ainsi que des sièges gouvernementaux, des écoles, des hôpitaux et des quartiers d'habitation faisant des centaines de morts parmi les civils et provoquant le déplacement des dizaines de milliers de familles". Dans le même communiqué rendu public sur sa page facebook, le GNA a appelé la communauté internationale à "intervenir pour faire cesser les violations et les crimes" commis depuis dix mois dans la capitale libyenne, théâtre depuis le mois d'avril d'une offensive des troupes loyales à Haftar. "L'escalade militaire dangereuse complique davantage la situation en Libye et menace les chances du retour à la solution politique", a averti la Manul dans son communiqué. "Les bombardements disproportionnés qui visent sans cesse les civils et les infrastructures civiles comme les hôpitaux et les écoles... peuvent être considérés comme des crimes de guerre, et les criminels seront sans doute punis", a souligné la Manul. Depuis la signature en décembre 2019 d'un accord militaire entre le GNA et Ankara, autorisant les troupes turques à agir sur le sol libyen, le conflit s'est enlisé en Libye, provoquant un climat d'inquiétude dans toute la sous-région du Maghreb, mais aussi en Europe. Déterminé à préserver ses intérêts en Libye, sous le couvert de soutien au GNA, le président turc Recep Tayyip Erdogan demeure sourd à tous les appels à renoncer à déployer ses troupes dans ce pays, ravagé par la guerre depuis la chute de l'ancien régime de Mouammar Kadhafi fin 2011.