Les manifestants n'ont pas cessé d'affirmer qu'ils n'arrêteraient pas leur mouvement jusqu'à l'instauration effective d'une "république démocratique et sociale". Même si la mobilisation est demeurée intacte à Béjaïa, chef-lieu de wilaya, les étudiants n'étaient seulement que quelques dizaines à prendre part à la 48e marche hebdomadaire qu'organisent tous les mardis la communauté universitaire et la société civile. Le gros des troupes est composé notamment des adhérents au Syndicat national autonome des personnels de l'administration publique (Snapap), des enseignants et ATS, des retraités, des acteurs de la société civile, à leur tête le Pacte de l'alternative économique (PAD), et des citoyens lambda. Ils continuent à faire de cette journée de mobilisation un "vendredi bis" mais aussi un jour de grève. Si les fonctionnaires des collectivités locales continuent à observer des grèves, toute la journée, dans les autres secteurs, publics notamment, on préfère des débrayages de quelques heures. C'est le cas au niveau des Impôts, des Domaines, de la Conservation foncière et du Trésor. Les travailleurs de ces administrations publiques rejoignent le rassemblement sur l'esplanade de la maison de la culture Taos-Amrouche avant d'entamer la marche à l'arrivée du gros carré de la communauté universitaire, qui démarre du campus de Targa Ouzemmour. Sur cet itinéraire, long de quelque trois kilomètres, les manifestants n'ont pas cessé d'affirmer qu'ils n'arrêteraient pas leur mouvement jusqu'à l'instauration effective d'une "république démocratique et sociale", d'un "Etat civil, non militaire", d'un vrai "Etat de droit" où "la justice (serait) indépendante", qui ne serait plus "une justice du téléphone". En effet, les protestataires n'ont pas arrêté de scander : "Dawla madania machi âaskaria" (Etat civil et non militaire) ; "Dawlat el-qanun" (Un Etat de droit) ; "Djazaïr houra dimokratia" (Algérie libre et démocratique). Après avoir scandé "Pouvoir assassin", les manifestants se sont attaqués au président Tebboune. Ils ont rappelé les conditions de son élection : "Un président de fait, arrivé par la fraude à El-Mouradia" d'où leur insistance sur son "illégitimité" et d'annoncer en guise de réponse à son offre de dialogue : "La hiwar, la chiwar" (Ni dialogue, ni consultation). Par ailleurs, les membres du PAD ont déploré dans leur déclaration, datée du 19 janvier dernier, la duplicité du pouvoir politique, qui a, à l'occasion de la 48e marche du vendredi, "utilisé la répression" en procédant notamment à "des arrestations arbitraires à travers les différentes villes du pays". Ils ont dénoncé les arrestations, qualifiées "d'arbitraires" ainsi que les entraves "à la liberté d'expression et d'opinion, ainsi que toute forme ou attitude fascisante, qui porte atteinte à la diversité et à l'unité des actions du mouvement révolutionnaire, porteur d'espoir pour tout un peuple".