La Grande-Bretagne ne fera aucune "concurrence déloyale" à l'Union européenne comme le craignent les Européens après le Brexit, a assuré hier le Premier ministre britannique, Boris Johnson, en exposant sa vision de la future relation de son pays avec les 27. "Nous ne ferons aucune concurrence déloyale, qu'elle soit commerciale, économique ou environnementale", comme le craint Bruxelles, a déclaré le dirigeant conservateur, s'engageant à ne pas revoir à la baisse les normes européennes. Mais dans le même temps, Boris Johnson a rejeté tout alignement sur les règles européennes comme "prix du libre-échange" : "Allons-nous insister pour que l'UE fasse tout comme nous comme prix du libre-échange ? Bien sûr que non." "Je ne vois aucun besoin de nous contraindre par un accord avec l'UE. Nous allons restaurer notre pleine souveraineté sur nos frontières, l'immigration, la concurrence, les règles encadrant les subventions, les approvisionnements, la protection des données", a-t-il insisté. Il a aussi estimé que la coopération avec les Européens en matière de défense et de politique étrangère ne nécessiterait "pas nécessairement un traité". Mettant Londres en garde contre toute tentation de concurrence déloyale, l'UE s'est dit prête hier à négocier "un accord commercial très ambitieux". Cet accord visera notamment à éliminer tous les droits de douanes et tous les quotas sur les biens échangés avec le continent, une proposition jamais vue de la part de l'UE avec ses partenaires, a précisé le négociateur en chef de l'UE pour le Brexit, Michel Barnier. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a toutefois prévenu que le niveau d'accès de la Grande-Bretagne au marché unique européen dépendrait de son niveau d'alignement sur les règles communautaires. Sorti vendredi soir de l'UE après 47 ans d'appartenance houleuse, la Grande-Bretagne doit désormais redéfinir les modalités de sa relation avec le bloc européen, réduit à 27, sur le plan commercial mais aussi de la sécurité, de la pêche ou de l'éducation. Les négociations entre Londres et Bruxelles ne s'ouvriront que début mars et devront être menées tambour battant, puisque Boris Johnson refuse de prolonger au-delà du 31 décembre la période de transition pendant laquelle les Britanniques continueront d'appliquer les règles européennes. L'accès au marché unique du continent, fort de ses quelque 440 millions de consommateurs, est crucial pour Londres, puisque l'UE reste son premier partenaire commercial. Sans accord, il faudra en revenir au cadre de l'Organisation mondiale du commerce, ce qui serait bien plus pénalisant.