Cinquante-six citoyens, arrêtés samedi à Alger lors d'une tentative de manifestation contre le régime, ont été présentés, hier, devant le procureur de la République près le tribunal de Sidi M'hamed qui a prononcé l'abandon des poursuites judiciaires pour les uns et la citation directe pour les autres. Selon Me Fetta Sadat, Merad Mohamed, poursuivi pour "atteinte à l'intégrité du territoire national" sur la base de l'article 79 du code pénal, et ce, pour port de l'emblème amazigh, a été déféré devant le juge d'instruction qui l'a placé sous contrôle judiciaire. Son procès est programmé pour le 9 mars prochain. Le parquet a ordonné, toutefois, la comparution immédiate pour les 52 autres prévenus, ayant passé une nuit en garde à vue dans différents commissariats de la capitale, dont Djamel Saïdouni journaliste au site électronique "Avant-garde" et son neveu, Mohamed Daïd, Rabah Hirèche, Belamar Belkacem, Allam Lotfi et l'étudiant Zakaria Ouhadi. Comme il fallait s'y attendre, la salle d'audience s'est rapidement remplie de militants et d'activistes venus les soutenir. Deux détenus, Saeddine Youcef Islam et Zoheir Houari, ont été accueillis, à leur apparition dans le box des accusés, par des applaudissements et aux cris de "Dawla madania machi âaskaria" (Etat civil et non militaire). Une ambiance révolutionnaire qui n'a pas eu l'heur d'agréer la présidente de la section correctionnelle du tribunal sis à la rue Abane-Ramdane. Après avoir donné instruction de faire sortir les prisonniers, elle a quitté la salle sans préciser la durée de la suspension de l'audience. Au bout d'une heure et demie d'attente, la magistrate a repris le cours du procès. Elle a prononcé l'abandon des poursuites judiciaires pour une partie des accusés et la citation directe pour les autres. Des dizaines de militants ont rejoint la rue de la Liberté, longeant l'arrière façade du Palais de justice d'Alger-Centre, exceptant la libération de leurs camarades passés à la barre quelques instants plus tôt. Ils ont donné de la voix pour fustiger les parties qui ordonnent les arrestations de manifestants pacifiques. "Djebtoulna corona ; wallah ma tehabsouna" (Même avec le coronavirus, vous ne nous arrêterez pas) ; "Les avocats, bravo. L'Algérie est fière de vous". "Où est la justice, où est le respect" ; "Ya hna ya ntouma", a scandé la petite foule.