Pour la troisième semaine consécutive, le hirak oranais a réussi à organiser sa marche du samedi contre le pouvoir en mobilisant entre deux cents et trois cents manifestants. Semblable à la manifestation du vendredi, la marche de l'escalade, comme la qualifient les hirakistes, a emprunté le même itinéraire, scandé les mêmes slogans hostiles au pouvoir et porté les mêmes revendications d'une Algérie nouvelle, dirigée par ceux que le peuple aura lui-même choisis. Car pour les manifestants, le pouvoir contre lequel des millions d'Algériens sont sortis, depuis plus d'une année, est toujours en place et continue de tenir les rênes du pays, même si certaines de ses figures emblématiques ont été écartés ou sont en prison. Les manifestants, qui ont pris soin de ne pas perturber la circulation automobile entre la place du 1er-Novembre et le siège de la wilaya, ont encore fait résonner les slogans phare du hirak appelant à la primauté du civil sur le militaire, et au retour de la souveraineté populaire, tel que stipulé par la loi fondamentale algérienne. À côté, et suivant l'actualité qui agite le pays, ils ont appelé à la libération de Karim Tabbou, le pourfendeur de la îssaba, et de l'ancien policier Toufik Hassani dont les proches affirment qu'il a été kidnappé vendredi à Alger, soumis à des violences physiques avant d'être transféré dans un commissariat. Les hirakistes ont également égratigné la justice, le chef de l'Etat, les médias acquis au pouvoir, et réaffirmé leur volonté de poursuivre la lutte, au risque d'être contaminés par le coronavirus ou n'importe quelle autre maladie. "Winek winek ya âadala" (Où es-tu justice ?), "Âadala horra mostaqila" (Justice libre et indépendante), "Goulna îssaba trouh, ya hna ya ntouma…" (On a dit que la bande partira…) sont quelques-uns des slogans qui ont résonné tout au long de la marche à laquelle ont pris part des personnes fragiles comme des handicapés moteurs ou des personnes âgées. Contrairement à la marche du samedi 29 février qui a vu une altercation opposer des manifestants aux tenants d'une pizzeria qui n'ont pas hésité à brandir un couteau de boucher, celle d'hier a été pacifique du début jusqu'à la fin et n'a enregistré aucun incident violent. À la fin de la manifestation, les animateurs ont insisté sur la nécessité de se retrouver en masse, ce dimanche à la place du 1er-Novembre, pour une marche du 8 Mars qui promet de faire du bruit...