Le président de la République, qui a réuni hier un Conseil des ministres, n'a pas annoncé de nouvelles mesures de lutte contre le coronavirus. Cela, alors que le ministre de la Santé a annoncé, dans la matinée, le passage au stade 3 de l'épidémie. Le Conseil des ministres n'a pas annoncé de nouvelles mesures de prévention contre le coronavirus. Les directives du chef de l'Etat, après la communication du ministre de la Santé, ont insisté sur l'application des seules mesures déjà édictées. "L'Etat se prépare à toute éventualité." C'est par une phrase sibylline qu'Abdelmadjid Tebboune a répondu aux nombreuses personnalités, médecins et citoyens qui appellent les autorités à déclarer le confinement total de la population. "L'Etat se prépare à toute éventualité", note ainsi le communiqué du Conseil des ministres. Mais point de nouvelles mesures en dehors de celles qui sont entrées en vigueur depuis hier. À la place, le chef de l'Etat appelle les services de l'Etat à "une mobilisation maximale" parce que "tout relâchement ou négligence peut coûter des vies" aux malades. Il a également rappelé la "responsabilité du citoyen" à travers "la discipline" et "le respect des mesures de prévention" annoncées précédemment par les autorités pour faire face à la propagation du virus. Il a également appelé à l'application "rigoureuse" des décisions entrées en vigueur depuis hier. En attendant d'éventuelles décisions politiques, Abdelmadjid Tebboune a annoncé plus de moyens aux hôpitaux et structures de santé. Il a ainsi demandé la mobilisation de 100 millions de dollars pour l'acquisition de matériels médicaux (masques de protection, appareils de respiration, réactifs de détection…). Une somme qui s'ajoute aux 100 autres millions de dollars promis par la Banque mondiale et à une autre somme de 32 millions qui viendrait de la Banque internationale pour la reconstruction et le développement (Bird). Si l'Etat n'annonce pas de nouvelles mesures, il semble, en revanche, agréer les initiatives citoyennes qui apparaissent ces derniers temps. Le chef de l'Etat a ainsi salué les "citoyens" qui "nettoient" les rues des villes et villages, le mouvement associatif, les entrepreneurs et "ceux qui inventent" des solutions pour lutter contre le virus. "L'Etat ne vous oubliera pas une fois la crise passée", a promis le président de la République. Après avoir remercié ceux qui sont impliqués dans la lutte contre la propagation du coronavirus, Abdelmadjid Tebboune s'en est pris, une nouvelle fois, à ceux qui "colportent les fausses informations" concernant l'épidémie. Il accuse ceux qui diffusent ces informations de vouloir "attenter au moral" de la population. Le communiqué de la présidence de la République souligne qu'Abdelmadjid Tebboune a demandé au ministère de la Communication de "prendre des mesures, afin d'interdire toute diffusion d'informations en dehors du ministère de la Santé, seule partie habilitée à communiquer sur le sujet en coordination avec le ministère de la Communication". Pas de confinement… Avant l'allocution présidentielle, le ministre de la Santé, Abderrahmane Benbouzid, a annoncé, lors de la réunion du Conseil des ministres, les moyens dont dispose son département à l'heure actuelle dans le but de lutter contre la propagation du coronavirus. Ainsi, le pays dispose de 82 716 lits d'hospitalisation, dont 2 500 sont consacrés à la prise en charge d'éventuels malades touchés par le coronavirus dans 64 services pour maladies infectieuses, 247 unités de médecine interne, 79 services de pneumologie, en plus de 24 centres de réanimation disposant de 460 lits. Le secteur dispose également de 5 787 appareils pour respiration artificielle, de réanimation et d'anesthésie. Cela s'ajoute aux appareils qui sont en cours d'acquisition, précise encore le ministre de la Santé. La réunion du Conseil des ministres, intervenue le jour de l'entrée en vigueur des mesures annoncées jeudi dernier par les autorités pour contrer la propagation du coronavirus, était très attendue. De nombreux professionnels de santé, des politiques et de simples citoyens ont, en effet, appelé à une décision allant dans le sens d'un confinement général de la population. Une éventualité devenue très possible en début de matinée après une intervention radiophonique d'Abderrahmane Benbouzid. Le ministre de la Santé avait, en effet, indiqué, sur les ondes de la Radio nationale, que le pays entrait "probablement" en phase 3 de l'épidémie. Un niveau de contamination qui se généralise, nécessitant la prise de décision radicale tel le confinement général, mesure prise d'ailleurs dans la majorité des pays de la région. La demande de la population et des professionnels de la santé et de la population quant à la prise de nouvelles mesures radicales est justifiée par l'indiscipline de certains citoyens qui continuent de se comporter comme en temps normal. Des regroupements ont, en effet, été observés dans des bureaux de poste et sur certaines places publiques et aux abords de certaines mosquées. Certains fidèles ont même bravé l'interdiction de faire des prières collectives en priant devant les mosquées. Des mesures de prévention visant à limiter la propagation du coronavirus sont entrées en vigueur hier. Il s'agit de l'arrêt des transports publics, de la fermeture des cafés et des restaurants, de la mise en congé spécial de 50% des fonctionnaires, de la mise en congé des femmes ayant des enfants de moins de 16 ans. Mais si les autorités n'ont pas annoncé de nouvelles mesures, la population s'est confinée d'elle-même. Les rues des grandes villes étaient quasiment vides durant toute la journée d'hier. Dans beaucoup de quartiers, des policiers et gendarmes, ainsi que des services communaux ont même lancé des appels par le biais de mégaphones suggérant aux habitants de rester chez eux. La même décision a été prise par certains présidents d'APC qui ont appelé les populations à ne sortir qu'en "cas de nécessité".
Ali BOUKHLEF
Les moyens dont dispose le pays -82 716 lits d'hospitalisation -2 500 lits destinés aux malades atteints de coronavirus -247 unités de médecine interne -79 services de pneumologie -24 centres de réanimation disposant de 460 lits -5 787 appareils de respiration artificielle dont 2 390 appareils d'anesthésie-réanimation -64 ambulances équipées d'appareils de respiration artificielle