Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mai, dont c'était le dernier jour de cotation, valait 23,40 dollars à Londres, en hausse de 2,81% par rapport à la clôture de lundi. Le marché pétrolier est touché par un vent de panique inédit, suscité à la fois par la prolifération du coronavirus qui impacte négativement la demande mondiale et par la guerre des prix que se livrent les principaux producteurs de pétrole, à savoir l'Arabie Saoudite et la Russie. D'un côté, les mesures drastiques de restriction des mouvements mises en place par les Etats pour contrer la propagation de la pandémie de coronavirus ont fait fondre la demande de brut. De l'autre, l'Arabie Saoudite a annoncé avant-hier qu'elle prévoyait encore davantage inonder le marché en portant ses exportations pétrolières au niveau record de 10,6 millions de barils par jour (mbj) à partir du mois de mai. Ces deux éléments conjugués ont provoqué un choc pétrolier qui a projeté le marché dans une phase dangereuse avec des prix du baril atteignant leur plus bas niveau depuis 2002. Face à cette situation et à la défaillance du principal outil de régulation du marché, celui de l'Opep et ses alliés, les options les plus inattendues pointent à l'horizon, à l'instar d'un éventuel rapprochement russo-américain. C'est d'ailleurs ce qui est annoncé à Moscou. Donald Trump et Vladimir Poutine se sont entendus lundi au cours d'un entretien téléphonique pour que responsables américains et russes du secteur de l'énergie se rencontrent afin de discuter de l'effondrement du marché pétrolier mondial, a annoncé le Kremlin. Moscou n'a pas précisé sur quoi porteraient les discussions avec Washington, mais il est aisé de comprendre que la Russie, comme elle l'a déjà indiqué précédemment, souhaite voir davantage de pays s'impliquer dans les efforts d'équilibrage du marché pétrolier, allusion faite aux Etats-Unis. De son côté, Judd Deere, porte-parole de la Maison-Blanche, a déclaré que les deux dirigeants étaient convenus de l'importance de la stabilité des marchés mondiaux de l'énergie, mais il n'a pas fait état de la possibilité d'entretiens au niveau ministériel. Sans présager des suites à donner à ce rapprochement qui s'amorce, il est indéniable que ce dernier en dit long sur l'ampleur de la crise traversée aujourd'hui par l'économie mondiale. Par ailleurs, ce rapprochement, s'il venait à se concrétiser, constitue un rebondissement dans la diplomatie pétrolière mondiale. En effet, on voit mal les Etats-Unis s'inscrire dans une démarche dans le cadre de l'Opep+. Donc s'il y a rapprochement, il se fera forcément aux dépens de l'Opep+ et par ricochet aux dépens de l'Opep qui, pour rappel, n'a eu doit à un second souffle que grâce à son alliance avec des pays producteurs non-Opep. Côté marché, les échanges entre Washington et Moscou ont eu leurs effets puisque, hier vers 11h30 (heure algérienne), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mai, dont c'était le dernier jour de cotation, valait 23,40 dollars à Londres, en hausse de 2,81% par rapport à la clôture de lundi. À New York, le baril américain de WTI pour mars gagnait 6,17%, à 21,33 dollars. Mais "les niveaux de prix restent toujours extrêmement bas et la situation n'incite pas à l'optimisme", selon les analystes du marché.