Les négociations se sont intensifiées sur les points contestés de la réforme de l'ONU avant le sommet mondial de la mi-septembre. Le secrétaire général, Kofi Annan, tente de mettre tout son poids dans la balance, l'organisme chargé de la défense des droits de l'Homme et la question de l'élargissement du Conseil de sécurité constituant les principaux points d'achoppement. L'actuelle Commission des droits de l'Homme, basée à Genève, est décriée par les Occidentaux, aux yeux desquels, elle n'est pas permanente et son système d'admission admet des pays connus pour leurs violations des droits de l'Homme. La proposition américaine de la remplacer par un Conseil plus restreint, permanent et dont les membres seraient élus selon des critères stricts, rencontre l'opposition de nombreux pays du tiers-monde, qui craignent d'en subir les frais. Kofi Annan coupe la poire en deux, proposant un Conseil composé de pays dévoués à la cause des droits de l'Homme dont les membres doivent avoir démontré leur engagement à respecter les critères les plus exigeants en la matière. Pour ce qui est du Conseil de sécurité, le débat est encore plus ardu. Son élargissement a aiguisé l'appétit de nombreux pays qui voudraient y faire part, allant jusqu'à proposer des sièges tournants pour satisfaire tout le monde. Les grands pays émergents estiment, quant à eux, leur entrée dans le club des dépositaires du veto indiscutable. Les Etats-Unis, s'ils n'ont aucune réserve pour l'entrée du Japon, par exemple, ne sont pas tout à fait chauds pour admettre celle de l'Allemagne, à qui Bush reproche son alignement sur la France dans la guerre en Irak. Les négociations sur tous les sujets difficiles se déroulent au sein d'un comité représentant les grands groupes régionaux de l'ONU, afin d'accélérer le processus et d'augmenter les chances d'aboutir dans le peu de temps qui reste d'ici au sommet, prévu du 14 au 16 septembre. Pour corser les négociations, l'ambassadeur des Etats-Unis à l'ONU, Bolton, a fait circuler la version américaine de la réforme, qui a suscité de vives inquiétudes. Dans le document américain, avait notamment disparu toute référence à certains engagements passés de la communauté internationale en matière de lutte contre la pauvreté et d'aide au développement, alors que l'un des buts initiaux du sommet était de réaffirmer ces objectifs de développement du millénaire. Pour Washington, la lutte antiterroriste est prioritaire et dans sa définition bushienne. D. B.