M. Joaquim Chissano, l'envoyé spécial du secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, en Algérie, a expliqué, dans un point de presse tenu hier à la résidence El-Mithak, que sa tâche consistait à préparer avec les chefs des Etats africains (quatre autres représentants de l'ONU sont chargés de la même mission pour l'Europe et l'Amérique) le sommet de New York sur la réforme de l'institution, en septembre prochain. “Nous voulions aussi inciter les dirigeants (des pays membres de l'ONU, ndlr) à faire une évaluation de leurs performances sur la déclaration du millénaire, laquelle a fixé des objectifs à l'horizon 2015”, a indiqué le représentant des Nations unies. Il a précisé que Kofi Annan souhaite que les discussions autour des questions épineuses soient engagées dès à présent au plus haut niveau des Etats afin d'éviter l'impasse lors de la rencontre de New York. La réforme des structures et des règles de l'organisation des Nations unies, créée dans le milieu des années 1940, est, certes, devenue nécessaire, car “le fonctionnement de l'institution ne correspond plus aux exigences de l'heure”, pour paraphraser M. Joaquim Chissano. Il n'en demeure pas moins que les nombreux points d'achoppement autour de cette réforme sont susceptibles de créer la crise. L'un des plus importants a trait soit à la suppression du droit de veto ou son élargissement à d'autres nations. Evidemment, les cinq pays qui le détiennent, dont les Etats-Unis et la France ou encore la Russie, s'attellent à maintenir le statu quo. Les membres de l'ONU ne s'entendent pas vraiment, non plus, sur le sens à donner au Conseil de sécurité, dont les résolutions sont de plus en plus ignorées par les puissants de ce monde (les exemples du conflit israélo-palestinien et l'invasion de l'Irak par les forces alliées en témoignent). Selon son envoyé spécial, Kofi Annan s'échine à éviter le blocage sur ces questions afin de focaliser le débat sur des préoccupations de loin plus fondamentales, à l'instar de la réduction de la pauvreté dans le monde, l'augmentation de la contribution des riches à hauteur de 0,7% du PIB aux pays pauvres, la protection des peuples menacés de génocide, défendre les droits humains de façon plus efficiente (proposition de création d'un Conseil des droits humains en remplacement de la commission onusienne des droits de l'homme) et, enfin, combattre le terrorisme. Bien que là, également, la difficulté réside, à en croire M. Joaquim Chissano, dans la définition du terrorisme. S. H.