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Comment vivre au mieux le confinement ?
À l'épreuve du Covid-19
Publié dans Liberté le 17 - 05 - 2020

Le confinement n'est pas synonyme de punition, mais apparaît plutôt comme une manière d'agir. Chacun de nous dispose de ressources naturelles et évidentes pour le vivre le plus sereinement possible. Car l'esprit, comme la nature, a horreur du vide. Faisons donc usage de ce vide, et passons à l'action. Il s'agit plus précisément d'orienter son esprit vers la recherche de solutions plutôt que vers la rumination du problème.

Comme ailleurs dans le monde, l'Algérie impose le confinement pour limiter la propagation de la pandémie de Covid-19. Nous sommes désormais confrontés à une maladie contagieuse. C'est une situation hors du commun, marquée plus particulièrement par le manque de contrôle et de prévisibilité sur l'évolution de la crise. Au fond, ce temps sans échéance déclenche la peur de la mort. Or, la mort est de l'ordre de l'invisible, nous l'avions presque oublié.
Face à un virus inconnu, il est tout à fait normal, voire compréhensible, de s'inquiéter et de paniquer. Mais il arrive parfois que nous passions d'une simple peur à une anxiété quasi permanente. Ceci dit, le confinement prolongé dans des conditions aussi difficiles expose à un risque élevé de souffrance. Dépression, anxiété, état de stress post-traumatique (PTSD), troubles du sommeil, dépendance à l'alcool et à la drogue, conduites suicidaires, etc. sont autant de troubles psychologiques qui peuvent apparaître. Bien évidemment, les manifestations de la souffrance morale sont intimement liées à notre histoire ainsi qu'à notre état antérieur au confinement. De fait, nous ne sommes pas tous sur un pied d'égalité face à cette épreuve. Les personnes les plus vulnérables et les plus précaires (pauvres, malades, isolées/dépendantes, sans abri, sans papiers, détenus...) sont plus directement touchées aussi bien par le confinement que par leurs conditions de vie. Si certains résistent et trouvent des solutions, d'autres, à l'inverse, ont tendance à basculer dans le choc et dans la souffrance. Mais qu'est-ce qui peut justement nous aider et nous protéger ? Précisons d'emblée que le confinement n'est pas synonyme de punition, mais apparaît plutôt comme une manière d'agir. Chacun de nous dispose de ressources naturelles et évidentes pour le vivre le plus sereinement possible. D'abord, il est nécessaire de pouvoir prendre le dessus sur sa peur et la transformer en énergie motrice. Car l'esprit, comme la nature, a horreur du vide. Faisons donc usage de ce vide, et passons à l'action. Il s'agit plus précisément d'orienter son esprit vers la recherche de solutions plutôt que vers la rumination du problème. Prendre donc le temps de planifier, cuisiner, jardiner, lire, écrire, écouter de la musique, chanter, contempler ou tout simplement rire sont d'excellents outils pour déconfiner notre esprit. À côté, l'activité sportive régulière, combinée à une alimentation équilibrée, réduit considérablement le stress. Cette discipline quotidienne est essentielle pour renforcer la confiance en soi. Une fois le processus enclenché, nous gagnons en force pour tenir le coup jusqu'à la sortie. En reprenant le contrôle sur nous-mêmes, nous retrouvons notre lucidité et notre liberté.
Rappelons ici que les Algériens ont déjà fait l'expérience de l'extrême durant la décennie noire (1991-2002). C'est en ce sens que ce capital psychique de résistance acquis peut être déclenché et mobilisé en période de crise comme au quotidien. Par ailleurs, en ces temps de confinement, nous pensons presque comme tout le monde, au point que la peur devient contagieuse. Au quotidien, les idées noires prennent le dessus. Très souvent, cette rumination envahissante empêche de vivre l'ici et maintenant. Avec leur lot de mauvaises nouvelles, les médias en rajoutent une dose supplémentaire. À ce titre, la contemplation et l'auto-observation, par exemple, aident à prendre du recul et à voir les choses telles qu'elles sont, mais pas pires. Quelle que soit notre fragilité, nous avons tous besoin d'être éclairés sur les risques possibles du Covid-19 et surtout sur les manières de s'en prémunir. Il existe des ressources de qualité, de quoi s'informer autrement et au bon moment. En outre, cette période à huis clos nous protège des agressions extérieures (charge de travail, conflits, pollution, etc.). Tout cela facilite la réflexion sur soi et sur notre rapport aux autres débouchant sur le sens de l'existence. Nous commençons donc à nous reconnecter à nous-même et à en prendre soin. C'est le moment de prendre conscience de nos pensées, de nos angoisses et de nos désirs. Nous pouvons dès lors découvrir le silence et renouer avec une profonde relaxation. Ce temps de lâcher prise aide à revenir à l'essentiel, c'est-à-dire à nos priorités dans la vie. Mais la réflexion et les routines quotidiennes sont-elles suffisantes ? Peut-on ne compter que sur soi-même pour s'en sortir ? La réponse est non. Nous sommes dépendants les uns des autres, et c'est ainsi que nous vivons. Profitons donc de ce temps en famille ou seul pour échanger avec ceux qui nous sont chers. Aujourd'hui plus que jamais, nous avons besoin de consolider, même à distance, nos liens avec nos proches, nos amis, nos voisins, nos collègues... Ceux-ci deviennent des figures d'affection permettant de créer au bout du compte de nouveaux liens sécurisants. À y regarder de plus près, la pandémie de Covid-19 a révélé des inégalités sociales dans notre société. Pour beaucoup de citoyens, les besoins fondamentaux ne sont pas satisfaits (nourriture, logement, soin...). Environ 63,3% de la population occupe des emplois informels et précaires. Les Algériens continuent à se bousculer dans les supermarchés tant qu'un plan d'aide d'urgence ne sera pas élaboré. Pourtant, c'est une condition sine qua non pour respecter les mesures de confinement. Dans ce contexte, se mobiliser auprès des plus démunis et se rendre utile peut être gratifiant. Cette solidarité – qu'elle soit à l'œuvre dans nos villes ou dans nos villages – instille l'amour de l'autre et nourrit les valeurs de fraternité et d'union défendues par le hirak entamé le 22 février. Nous prenons conscience que se sentir écouté, compris et épaulé permet de vivre ce temps suspendu avec plus de légèreté. C'est pourquoi il est essentiel de mettre en place des plateformes de soutien psychologique à l'échelle nationale. Cette intervention immédiate réduira considérablement la détresse, ne serait-ce que pour éviter la décompensation psychologique. À défaut de dispositifs de soins appropriés, de pseudo-thérapeutes (marabouts, voyants, faux rakis ou faux cheikhs) s'emparent de la souffrance de personnes d'ores et déjà vulnérables. En plein confinement, des remèdes miraculeux et des théories délirantes foisonnent sur les réseaux sociaux. Nous imaginons sans peine le risque d'emprise et de manipulation tous azimuts.
De même, les femmes subissent la violence conjugale de plein fouet, alors que les associations de protection tournent au ralenti.
Cette épreuve de trop est susceptible d'avoir des répercussions délétères, en particulier sur les enfants. e problème devrait être une priorité pour la Ministre de la Solidarité Nationale, de la Famille et de la Condition de la Femme. Il est devenu impératif de créer un numéro vert, accessible 24h/24 et dédié spécialement aux victimes souvent sans ressources ni refuge.
Des mesures d'accueil et d'hébergement, même temporaires, permettent de prévenir les féminicides, en hausse depuis le début de l'année. En somme, l'épreuve du Covid-19 nous renvoie à notre vulnérabilité commune et nous place face à notre responsabilité. Tous ensemble, nous traversons une véritable période de résistance. Il est donc essentiel de mûrir notre réflexion, de contrôler nos émotions et d'agir en lien avec les autres. Faisons de ce temps un ressort pour rebondir et préparons l'Après …
Par : Chérifa Sider
(*) Docteur en psychologie


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