Le retard constaté dans le versement de la prime est lié aux modalités de paiement et au problème de budgétisation de la "récompense" décidée par le président de la République. Le ministère des Finances vient de mettre un terme à la controverse suscitée ces derniers jours autour du retard lié au versement de la prime exceptionnelle de risque dite Covid-19 instituée au profit du personnel soignant. En effet, le département de Abderrahmane Raouya a fini par donner son feu vert pour procéder au paiement, à découvert, des guerriers aux blouses blanches mobilisés sur le front de lutte contre le coronavirus, a-t-on appris de sources sûres. Les mêmes sources précisent à cet effet que la prime en question sera finalement versée à partir de lundi 15 juin. Les retards de paiement sont liés aux modalités de paiement et au problème de budgétisation de la "récompense" du président de la République. La prime en question devait être versée chaque mois et ce, conformément aux dispositions du décret présidentiel daté du 31 mars 2020. "La prime exceptionnelle décidée par le président de la République n'était pas inscrite dans le budget destiné aux salaires de l'ensemble des fonctionnaires de la santé éligibles. Elle a été instituée en mars dernier à l'issue de la visite au CHU de Beni Messous. Autrement dit, elle n'était pas budgétisée au début de l'année. Le ministre des Finances a donné son accord pour payer même à découvert les personnels mobilisés dans la lutte contre le Covid-19", ont expliqué nos sources. En effet, le ministère de la Santé a sollicité, par écrit, il y a quatre jours, le département de Abderrahmane Raouya pour l'autoriser à verser à découvert la "prime présidentielle" aux professionnels de la santé concernés. "Après le feu vert de Raouya, le ministère de la Santé a instruit les gestionnaires des structures hospitalières pour accélérer la procédure de paiement. L'opération sera débloquée le temps de finir la révision et la mise à jour des listes des différents corps bénéficiaires. Les listes en question ont été élaborées en avril. La mise à jour s'impose en raison des mouvements du personnel soignant. Il y a eu certainement ceux qui sont partis en congé ou ont eu des empêchements ou encore ceux qui viennent de rejoindre le front", ajouteront nos sources. En somme, la décision du ministère des Finances a été saluée par les organisations professionnelles activant dans le secteur de la santé. La Fédération nationale des travailleurs de la santé s'est félicitée de la mesure prise par le ministre des Finances. "Faute d'une telle décision de paiement à découvert, la prime décrétée par le président de la République ne sera jamais versée. Il n'y a pas d'argent requis pour financer une telle opération.Et le budget de fonctionnement du ministère de la Santé voté dans le cadre de la loi de finances n'avait pas prévu une telle situation, puisque le chef de l'Etat l'a décidé en mars dernier", affirmera un membre du bureau de la Fédération nationale des travailleurs de la santé. Pour sa part, le syndicat national des paramédicaux (SNP) par la voix de Redouane Bouchachia, membre du secrétariat national, a affirmé que l'engagement des paramédicaux dans la lutte contre le coronavirus obéit au principe de devoir national. "Notre mobilisation sur le terrain pour mener la guerre à ce virus reste une obligation nationale pour tout le corps. Les paramédicaux n'ont à aucun moment demandé de l'argent pour monter au front contre cette maladie infectieuse. Mais aujourd'hui, le président de la République veut récompenser ces guerriers aux blouses par une prime exceptionnelle. On salue fortement ce geste du président Abdelmadjid Tebboune", soutiendra M. Redouane Bouchachia avant de rappeler la principale revendication du corps des paramédicaux : "les paramédicaux réclament l'institution de primes définitives, ce qui va permettre d'améliorer le salaire des fonctionnaires de la santé." Même son de cloche chez le corps médical. Les médecins se disent qu'ils sont engagés sur le front au péril de leur vie pour s'acquitter d'une mission de devoir national. "Nous nous sommes mis en première ligne contre ce virus dès le premier jour sans aucun calcul préalable", témoignera un médecin spécialiste exerçant au CHU Mustapha-Pacha. Rappelons enfin que l'article 2 du décret présidentiel du 31 mars 2020 stipule que la prime a été arrêtée selon les montants forfaitaires suivants, et ce, pendant trois mois renouvelables : "10 000 DA seront versés pour le personnel administratif et de soutien, 20 000 DA pour le personnel paramédical et 40 000 DA pour les médecins dans le cadre de la prévention et de la lutte contre la propagation contre du coronavirus."