Décrié au sein de son parti, le Likoud, et acculé par la communauté internationale, le chef du gouvernement israélien est désormais à la croisée des chemins. Ayant jusque-là agi à sa guise, Ariel Sharon aura fait un pas en direction de la paix en procédant à l'évacuation de la bande de Gaza après trente-huit ans d'occupation. Si cette initiative a été applaudie par la communauté internationale, notamment l'Occident, elle constitue néanmoins une œuvre inachevée pour le quartette international, car l'objectif principal, consistant en la création d'un Etat palestinien, est loin d'être atteint. À voir les développements que connaît la scène israélienne, il y a peu de chances de concrétiser le contenu de la “feuille de route”. En effet, au sein du Likoud, parti au pouvoir, l'on assiste à de sérieuses manœuvres menées par Benjamin Netanyahu et visant à éjecter Ariel Sharon de la direction. L'ancien ministre des Finances, et ex-chef du gouvernement, s'attelle à couper l'herbe sous les pieds de son rival en tentant de convaincre les principaux dirigeants du parti de la nécessité d'opérer un changement rapidement. D'ailleurs, le fait que le Premier ministre israélien ait été forcé de composer avec le Parti travailliste pour réaliser le plan de séparation de la bande de Gaza atteste, on ne peut mieux, des difficultés qu'il rencontre au sein de sa formation politique, dont la majorité est opposée à la création d'un Etat palestinien. S'il a réussi jusque-là dans la première partie de son entreprise, le mérite revient surtout au soutien des Etats-Unis qui ont mis sur la table les moyens financiers nécessaires. Vu l'effervescence prévalant actuellement dans les milieux politiques israéliens, il serait illusoire d'accorder un chèque en blanc à Ariel Sharon, dont l'avenir à la tête de l'Etat israélien est des plus incertains, selon les analystes. Le soutien que lui apporte Shimon Pérès et le Parti travailliste ne lui sera d'aucune utilité, si jamais Benjamin Netanyahu parvient à rallier à sa cause le nombre de voix nécessaires pour le destituer de la direction du Likoud. C'est dire que la paix au Proche-Orient est une entreprise très incertaine. Reste à savoir, si l'administration Bush, qui a soutenu jusqu'à maintenant contre vents et marées Ariel Sharon, assistera en spectateur aux remous qui secouent le Likoud. Cette situation est loin de plaire au président américain, qui s'est engagé à ce que les Palestiniens aient leur Etat avant la fin de son mandat en 2009. K. ABDELKAMEL