La Chine a adopté hier sa loi controversée sur la sécurité nationale à Hong Kong, relançant ainsi les tensions entre Pékin et plusieurs puissances occidentales qui ont dénoncé "une loi liberticide" visant le musellement de l'opposition de l'ancienne colonie britannique. Avant le vote par le Parlement national chinois de ce texte de loi, Washington a pris lundi déjà la décision de mettre fin aux ventes d'équipement de défense sensible à Hong Kong pour éviter qu'"il tombe aux mains" de l'armée chinoise. Les Etats-Unis avaient auparavant décrété des restrictions de visas pour les responsables chinois accusés de "remettre en cause" l'autonomie du territoire. Hier, l'Union européenne a "déploré" l'adoption de ce texte qui, selon elle, porte gravement atteinte aux droits fondamentaux des Hongkongais. "Cette loi risque de porter gravement atteinte au degré élevé d'autonomie de Hong Kong et d'avoir un effet préjudiciable sur l'indépendance du pouvoir judiciaire et de l'Etat de droit", a estimé, dans la matinée d'hier, le président du Conseil européen, Charles Michel. Les ministres des Affaires étrangères du G7 (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Italie, Japon et Royaume-Uni) avaient également appelé, en juin, la Chine à revenir sur ce projet. "Cette loi, qui entend réprimer le séparatisme, le terrorisme, la subversion et la collusion avec des forces extérieures et étrangères, vise à ramener la stabilité", s'est efforcée d'expliquer hier la cheffe de l'Exécutif de Hong Kong pro-Pékin, Carrie Lam. Mais pour l'opposition de la méga-métropole, le texte de loi vise à mettre une "chape de plomb" sur les libertés fondamentales des citoyens. Le vote de cette loi intervient, rappelle-t-on, après un an de manifestations inédites contre l'influence grandissante de Pékin sur Hong Kong. En quelques semaines seulement, le gouvernement chinois a réussi à imposer cette loi qui contourne le Conseil législatif local et fait craindre au camp démocrate hongkongais "un recul inédit des libertés" depuis la rétrocession de Hong Kong à la Chine en 1997. Elle constitue pour les leaders du parti pro-démocratie une attaque frontale contre l'autonomie et les libertés du territoire. "Cela marque la fin de Hong Kong tel que le monde la connaissait", a réagi sur twitter Joshua Wong, l'une des figures du mouvement pro-démocratie. "La ville se transformera en un Etat de police secrète."