Médecins et épidémiologistes parlent d'une situation qui prend des proportions alarmantes. Alors qu'hier matin, les chefs de service de prévention des wilayas les plus touchées par l'épidémie de Covid-19 étaient réunis au ministère de la Santé afin de trancher la possibilité d'aller vers un reconfinement partiel localisé, à Oran, la situation est alarmante. Médecins, infirmiers, épidémiologistes ne le cachent plus et parlent d'une situation qui prend des proportions alarmantes avec une courbe ascendante des contaminations, provoquant une pression sans précédent sur les établissements de santé. Les pics de contamination se succèdent depuis la première phase de déconfinement partiel avec un record atteint le 3 juillet dernier de 82 nouveaux cas notifiés. Du 2 au 6 juillet, plus de 159 cas positifs ont été enregistrés pour Oran alors que le 4 juillet, le chef du service de prévention à la DSP évoquait 43 décès et plus de 1 700 cas positifs. Cette situation de courbe ascendante est évoquée par le professeur Lellou de l'EHU, chargé de l'unité Covid-19. "Nous constatons une tendance haussière des cas de Covid-19 à Oran et si, au départ, c'étaient juste quelques quartiers concernés, maintenant, ce sont tous les quartiers et toutes les familles qui sont touchés", affirme le professeur Lellou. Pour ce dernier, il faut faire face aujourd'hui à l'épuisement du personnel médical et au manque de lits dédiés à la Covid-19. Ainsi, l'EHU a mobilisé les services de dermatologie, de médecine interne, de pneumologie, de gastro, d'ORL, de chirurgie maxillo-faciale sans oublier le nouvel hôpital de Chtaïbo qui doit être achevé et totalement équipé sous peu. Et il faut trouver d'autres lits, que ce soit à l'EHU ou au CHUO qui est déjà à saturation avec 4 services dédiés au coronavirus dont celui des maladies infectieuses, et la demande constante d'oxygène qui manque. Le professeur Lellou explique que la décision de reconfinement partiel est envisagée, mais pas que pour Oran, car c'est toute la ville qui est concernée, sans oublier les autres communes de la wilaya. "Le reconfinement partiel, oui, s'il est respecté, peut être une solution, bien que les cas de contamination touchent tous les quartiers. Mais je reste persuadé que seul le respect des gestes barrières peut mettre fin à la chaîne de contamination." D'ailleurs, nombre de médecins demandent l'application stricte des mesures à l'encontre de quiconque ne respecterait pas le port du masque et les gestes barrières. En attendant, les Oranais se précipitent vers les cabinets et laboratoires privés pour les tests sérologiques pour des sommes allant de 2 000 à 5 000 DA. C'est bien là un signe d'inquiétude.