Après Abdelhamid Habbati et Bachir Benmohamed, le Théâtre régional de Constantine Mohamed Tahar-Fergani est de nouveau endeuillé par la disparition de son directeur Farid Boukrouma. La soixantaine, le défunt justifie d'un long parcours dans le quatrième art aussi bien en tant qu'artiste qu'agent administratif. Une carrière qu'il avait entamée dans les années 1970-80 à Skikda au sein de la troupe théâtrale Démo-Cult. Depuis, il n'a plus quitté les tréteaux jusqu'à prendre, en 2018, le relais de la défunte comédienne Sonia à la tête du Théâtre régional de Skikda avec lequel il avait décroché le grand prix du Festival national du théâtre professionnel avec la pièce de Mohamed Cherchal Mabkat Hadra. Quelques mois plus tard, il atterrit au TRC. Affable et respectueux, il était aussi un compétiteur qui a eu le cran de présider à la naissance du Printemps théâtral de Ramdane Djamel dans la wilaya de Skikda. Dans son agenda, il avait inscrit beaucoup de projets ambitieux. Grâce à lui, le TRC retrouvera le chemin du Festival national du théâtre professionnel dès 2019 avec une pièce accueillie avec ferveur par les puristes, Ya lil, un texte du Marocain Abdelkrim Berrechid et mis en scène par Haroun Kilani. Dans son témoignage à Liberté, Ali Aïssaoui raconte que Farid Boukrouma lui avait suggéré de monter "un grand spectacle qui réunirait tous les segments de l'art ; la lumière, le son, l'image, l'action, l'infographie, la danse, le chant et surtout le mouvement. C'est pour cela qu'il m'a fait appel au même titre que le grand metteur en scène irakien Fares el-Machta. Malheureusement le projet n'a pas abouti car ce dernier était malade et fatigué". Et de poursuivre : "Je garde de lui l'image d'un homme d'une grande gentillesse, respectueux des autres, qui n'osait pas, à cause de sa timidité, contrarier les employés, donnant toujours raison aux uns et aux autres." Le défunt avait également d'autres projets dont une pièce, Le Géant, dédiée à la vie de feu Abdelkader Alloula, tirée d'un texte d'Ammar Simoud qui date de 1997, ainsi que Don Juan sur une adaptation de Saïd Boulmerka. Pour le président de l'association culturelle Numidi-Art, Lounis Yaou, "la disparition de Farid Boukrouma est une immense perte pour le TRC auquel il a insufflé une nouvelle dynamique et pour lequel il avait de grands projets". Reconnaissant l'assistance que le défunt avait apportée à son association, Lounis Yaou ajoutera : "Nous n'oublierons jamais l'aide si précieuse qu'il avait apportée pour permettre aux férus du théâtre de réaliser leurs projets. C'est grâce à ses bons soins que le public constantinois a pu découvrir notre spectacle Basta. Nous n'oublierons jamais qu'il s'est battu pour que Basta ait le droit de participer au Festival du théâtre professionnel d'Alger."