Des dizaines de milliers de manifestants ont défilé à Minsk hier à l'appel de l'opposition, une mobilisation qui ne faiblit pas pour protester contre le président Alexandre Loukachenko malgré la répression et la police qui a procédé à 250 arrestations. L'opposition, qui a fait descendre chaque week-end, depuis la présidentielle du 9 août, plus de 100 000 personnes dans les rues de la capitale, a fait une nouvelle fois face hier à un déploiement massif des forces de sécurité, équipées de blindés et de canons à eau, notamment devant la présidence, l'un des lieux du rassemblement. Plusieurs dizaines de milliers de personnes étaient visibles dans le centre de Minsk, formant une colonne de plusieurs kilomètres de long, selon des médias. Dès les premiers moments du défilé, intitulé "Marche des héros" en référence aux victimes de la répression, la police a annoncé avoir procédé à l'arrestation d'"environ 250 personnes" dans Minsk pour avoir "utilisé des drapeaux et autres symboles" de l'opposition. Le week-end dernier, plus de 600 personnes avaient été arrêtées en marge d'un rassemblement à Minsk et dans d'autres villes. Plusieurs dizaines de femmes, participant à une marche féminine, ont aussi été brutalement arrêtées samedi. Svetlana Tikhanovskaïa, candidate à la présidentielle qui revendique la victoire face à M. Loukachenko et qui est désormais exilée en Lituanie, a salué dans une vidéo "un peuple véritablement héroïque" qui continue son "combat pour la liberté". La semaine passée a été marquée par l'arrestation rocambolesque d'une de ses proches, Maria Kolesnikova. Elle a été enlevée par des hommes masqués au lendemain de la manifestation du 6 septembre, après quoi, elle a résisté aux agents qui tentaient de l'exiler de force en Ukraine. Elle est désormais détenue, accusée d'"atteinte à la sécurité nationale". Malgré l'ampleur de la contestation, M. Loukachenko, au pouvoir depuis 1994, a exclu tout compromis significatif, n'évoquant qu'une vague réforme à venir de la Constitution. Il accuse les Occidentaux de soutenir la protestation, se tournant vers Moscou après des mois de tensions bilatérales, pour garder son emprise sur le Bélarus. Des milliers de personnes ont été arrêtées depuis le début du mouvement et les accusations de torture de prisonniers se sont multipliées. L'Union européenne et les Etats-Unis ont prévu de sanctionner les cadres de son régime. Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a lui appelé vendredi à "un dialogue large et inclusif" au Bélarus, ce à quoi le président se refuse.