À travers cette rencontre, la Russie veut effacer l'image de ce pays qui soutient une partie du conflit en Libye au détriment des autorités légitimes, issues de l'accord de l'ONU. La Russie compte abriter prochainement une importante rencontre interlibyenne, à laquelle une centaine de personnalités libyennes sera invitée, y compris des figures de l'ancien régime déchu du défunt Mouammar Kadhafi, renversé fin 2011, a annoncé durant ce week-end la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova. Cette rencontre vise "à préparer des accords sur la création d'une autorité de transition unifiée pour la Libye", a expliqué Mme Zakharova, selon le MAE, insistant sur le principe d'inclusivité de ce dialogue inter-libyen, une position défendue avec constance par l'Algérie. Pour Mme Zakharova, la clé de la réussite de ce rendez-vous est de faire participer tous les acteurs libyens, issus des trois grandes régions libyennes (Est, Ouest et Sud), "y compris les partisans de l'ancien régime de Mouammar Kadhafi", a rapporté la même source. La Russie a déjà abrité une première rencontre de discussions indirectes entre le chef du Gouvernement d'union nationale (GNA, Tripoli), Fayez al-Serraj, et son rival de l'Est libyen, le controversé général Khalifa Haftar, début janvier, mais ce dernier a refusé de signer la déclaration finale de ce dialogue qui s'est tenu une semaine avant la Conférence de Berlin sur la Libye et qui a lancé de nouveaux jalons pour une relance du processus politique en Libye. Aucune date n'a toutefois été fixée pour la tenue de la prochaine rencontre à Moscou, dont les autorités sont accusées par les Etats-Unis de soutien actif au gouvernement parallèle de l'Est libyen et de son général Khalifa Haftar, à travers entre autres la société de sécurité russe Wagner. Cette société privée russe est soupçonnée d'acheminer des mercenaires syriens en Libye pour combattre aux côtés des troupes de Haftar contre les soldats du GNA qui, lui, bénéficie du soutien de la Turquie, pourtant alliée de Moscou dans plusieurs domaines. Par ailleurs, des parlementaires libyens (Parlement exilé à Tobrouk) et des représentants du Conseil d'Etat (Tripoli) poursuivent leurs discussions entamées au Maroc il y a quelques semaines et dont le dernier round a eu lieu la semaine dernière durant deux jours. Mais cette fois-ci, les députés libyens se sont rencontrés à Malte, en tant qu'espace neutre, expliquent-ils, a rapporté le quotidien local Malta Today. Les acteurs libyens ont rencontré aussi le ministre maltais des Affaires étrangères, Evarist Bartolo, qui les a appelés à "travailler ensemble, se pardonner et construire l'unité nationale avec la même détermination dont ils ont besoin pour reconstruire les aéroports, les centrales électriques, les services d'électricité et d'eau, les hôpitaux, les écoles et les maisons qui ont été détruits par la guerre", lit-on sur le site du journal maltais. Lors de leurs deux jours de discussions au Maroc, où a été signé l'accord de paix dont est issu le GNA en 2015, les députés libyens avaient affirmé qu'ils étaient près d'un "consensus" pour relancer un processus de paix, en partie bloqué à cause des ingérences étrangères en faveur d'un camp ou de l'autre, aggravant la guerre et entraînant l'ensemble de la région dans une dangereuse instabilité.