Les projections du projet de loi de finances pour 2021 prévoient une accélération du rythme de l'inflation dès l'année prochaine. En décélération sur plusieurs mois, selon les mesures périodiques de l'Office national des statistiques (ONS), les poussées inflationnistes devraient à nouveau ressurgir et connaître même une accélération d'ici à l'année prochaine. Calculé par l'ONS à 2% à fin septembre écoulé, soit au même taux que l'année précédente, le rythme moyen de l'inflation des prix à la consommation devrait passer à 3,5% en 2020 et à 3,8% l'année d'après, prévoient ainsi les dernières anticipations sur l'économie algérienne, publiées tout récemment par le Fonds monétaire international (FMI). Moins optimistes encore, les projections tenant lieu de cadrages au projet de loi de finances pour l'exercice à venir prévoient une accélération des poussées inflationnistes à 4,5% dès 2021, puis une légère décélération à 4,05% en 2022, avant un nouveau rebond à 4,72 % en 2023, selon les données du ministère des Finances présentées la semaine dernière à l'Assemblée populaire nationale (APN). En guise d'explication à ces remontées attendues de l'inflation, le même département ministériel avance un vague argument de "baisse de la consommation et des revenus des ménages et des sociétés, suite à l'exécution d'instruments de la politique monétaire". Aussi, si l'hypothèse d'un retour franc au dispositif de "la planche à billets" reste jusqu'ici officiellement exclue, les raisons évoquées par le ministère des Finances pour expliquer l'accélération prévue de l'inflation laissent clairement prévoir un accès effectif à une nouvelle politique d'expansion monétaire. Les décisions prises ces quelques derniers mois par la Banque d'Algérie (BA) pour desserrer les contraintes sur les liquidités bancaires (abaissement des seuils de réserves obligatoires des banques) plaident, d'ailleurs, en faveur d'une politique monétaire plus souple, voire pour des créations monétaires pures et simples pour contrer au moins les incidences économiques et sociales de la crise sanitaire en présence. Il reste, cependant, à maîtriser les contrecoups de ces nouvelles orientations monétaires qui, par les risques inflationnistes qu'ils charrient, pourraient à terme participer à éroder un pouvoir d'achat des ménages déjà fortement plombé par les crises économique et sanitaire en cours. Des risques d'autant plus accrus qu'aux incidences probables d'une inflation d'origine monétaire devra venir s'ajouter, dès l'année prochaine, celles découlant de l'accélération attendue de la dépréciation du pouvoir d'achat de la monnaie nationale. Comme anticipé en effet à travers le projet de loi de finances pour 2021, la valeur du dinar devrait accélérer sa chute vis-à-vis du dollar à un rythme annuel de 5% en moyenne d'ici à 2023. Source indirecte d'une inflation importée, au regard du renchérissement qu'elle produit sur l'ensemble des biens provenant de l'importation, la dépréciation du dinar aura ainsi un effet plus que défavorable sur le pouvoir d'achat des ménages, mais aussi et surtout sur les coûts et la rentabilité des entreprises locales de production. Aussi, entre une possible expansion monétaire, une dépréciation prévue du dinar et la dérégulation structurelle des systèmes de formation des prix sur les marchés internes, les tendances inflationnistes, en accalmie depuis l'année dernière, vont recommencer, dès les prochains mois, à peser fortement sur le pouvoir d'achat des Algériens.