Tout en plaidant en faveur d'une indemnisation substantielle des familles des disparus, Me Ksentini ne s'est pas empêché de critiquer les “agissements” de certains membres des associations représentant ces familles. Le président de la Commission nationale consultative pour la promotion des droits de l'Homme, M. Farouk Ksentini, a saisi, hier, l'occasion du forum organisé par le quotidien El-Youm pour revenir longuement sur le dossier des disparus qui constitue l'un des axes de la charte pour la paix et la réconciliation nationale proposée par le président Bouteflika et objet du référendum du 29 septembre prochain. Ce qui ressort des déclarations de M. Ksentini, c'est que l'affaire des disparus n'est pas près de connaître son épilogue en raison, explique-t-il, de la complexité du dossier. “Même si ça nous prendra 20 ans pour les recherches, on ne saura pas la vérité, parce que nous n'avons ni fichier, ni preuves et encore moins des témoignages fiables. Entre 1992 et 1999, nous avons vécu dans une totale anarchie et c'est la terreur installée par les groupes terroristes qui a justement poussé des agents de l'Etat à commettre des dérapages”, estime Me Ksentini qui s'interroge pourquoi les familles des disparus ne faisaient pas appel à la justice pour rechercher la vérité. Mettant l'accent sur la difficulté d'élucider les affaires relatives aux disparus, il a toutefois précisé que pas moins de 120 personnes parmi celles portées disparues étaient revenues vivre chez elles sans que cela soit porté à la connaissance des autorités. À celles-là s'ajoute, selon Me Ksentini, les personnes qui sont à l'étranger. Tout en plaidant en faveur d'une indemnisation substantielle des familles des disparus, Me Ksentini ne s'est pas empêché de critiquer les “agissements” de certains membres des associations de familles des disparus à propos desquels il a signifié qu'il leur déniait le droit de parler au nom des familles des disparus. Actualité oblige, le débat a, par ailleurs, porté sur la charte pour la paix et la réconciliation nationale que l'orateur a qualifié de “véritable projet de société”. Interrogé à propos du délai d'effet pour le texte en question, il a proposé le délai qu'il a trouvé “raisonnable et suffisant” d'un an. Quant aux modalités d'application du texte, il a affirmé que là “raisonnablement il doit y avoir une vingtaine de lois” qui doivent découler de la charte. Concernant le cas de Ali Benhadj, M. Ksentini a indiqué qu'il espérait sa libération car “par principe”, il est contre la détention préventive. “Il aurait dû être libéré et mis sous contrôle judiciaire et c'est à la justice ensuite de faire son travail”, a-t-il estimé. Pour les autres responsables du parti dissous, Me Ksentini trouve opportune et réfléchie la décision prise par le président de la République de leur interdire le retour à la vie politique. L'orateur a également estimé qu'il serait “souhaitable” que l'état d'urgence soit levé tout en précisant qu'en 1992, “on aurait dû décréter l'état d'exception ou de guerre et non l'état d'urgence”, car il s'agissait d'une “véritable guerre civile”. H. Saïdani