Première du genre, cette enquête menée sur une période de quatre mois en collaboration avec l'Institut Pasteur d'Alger révèle l'épuisement des soignants en lutte contre la maladie depuis neuf longs mois. Une enquête sur les foyers de dissémination virale en milieu hospitalier relance de nouveau le débat sur la question de la protection du personnel soignant, en première ligne dans la guerre contre la pandémie. Menée par le service d'épidémiologie du CHU Frantz-Fanon de Blida, les résultats préliminaires de cette étude montrent que les soignants restent, de par leur activité, les plus exposés à cette maladie qui continue à faire des victimes. Pas moins de 470 parmi les 2 753 soignants testés ont été ainsi contaminés par le Covid-19 depuis le début de la crise, soit un taux de 17%, selon cette étude. Première du genre, cette enquête menée sur une période de quatre mois en collaboration avec l'Institut Pasteur d'Alger vise à tirer la sonnette d'alarme et à attirer l'attention sur l'épuisement des soignants en lutte contre la maladie depuis neuf longs mois. Supervisée par le Pr Abderrazak Bouamra, l'étude a le mérite aussi de révéler toute l'étendue de la propagation de la pandémie en milieu hospitalier, ce qui permettra ainsi la prise de mesures préventives adéquates, aussi bien pour les patients que pour les soignants. Pour le Pr Bouamra, ce sondage constitue aussi, sur un autre plan, "une référence" pour encourager la réalisation d'autres enquêtes pandémiques similaires dans d'autres wilayas, et qui sont de nature à contribuer à interrompre la chaîne de transmission et de protéger les corps de la santé, afin de leur permettre de poursuivre leur mission au service du citoyen. Et pour le choix porté sur la wilaya de Blida, il est aisé de le deviner, puisque c'est dans cette région qu'est apparu le premier foyer du virus avant qu'il ne se propage à travers tout le territoire national. Le superviseur de l'opération estime que Blida constitue un échantillon précieux pour l'étude. Il a ainsi relevé que le taux de prévalence des soignants testés positifs était pratiquement le même, indépendamment des tranches d'âge : 20,4% pour la fourchette des "45-49 ans", 20,2% pour les "50-54 ans" et 20% pour les "20-24 ans". L'enquête, menée le soir, a fait également ressortir un taux de séroprévalence de 20% pour les paramédicaux, les médecins généralistes et les pharmaciens (les plus touchés), 13,7% pour le personnel administratif et 11,9% pour les résidents. Autre révélation : un taux de contamination de 9,6% pour les laborantins, 9,1% pour les maîtres assistants et plus contre 6,9% pour les assistants. Les résultats préliminaires du sondage ont démontré aussi que parmi le personnel contaminé, les universitaires ont été les moins atteints avec un taux de 15,1%, 18,6% pour ceux ayant un niveau secondaire et 24,3 pour ceux ayant un niveau primaire de 24,3%. Par ailleurs, l'étude a révélé que le taux de contamination atteint 23% lorsque trois soignants au moins exercent dans une même salle, 18% pour deux à trois soignants et 17% lorsqu'il y a moins de deux soignants. Concernant les malades infectés par le Covid-19, l'étude a révélé que 54% des cas présentaient des symptômes, tandis que 37,6% sont asymptomatiques. Cette étude, qui a le mérite d'avoir été réalisée, montre, et c'est le moins que l'on puisse dire, que les soignants du secteur public ou du secteur privé continuent à payer un lourd tribut.