Au même titre que le personnel soignant dans les hôpitaux, les pharmaciens d'officine ont payé et continuent de payer de leur vie leur engagement dans la lutte contre le Covid-19. Ils tiennent le coup. Ils sont toujours sur le front et continuent malgré les difficultés à se présenter aux officines pour s'acquitter de leur mission de dispensation des médicaments et de conseils aux patients au péril de leur vie. C'est ce que révèle du moins une étude menée par le Syndicat national algérien des pharmaciens d'officine (Snapo) qui s'étale sur la période d'activité allant du 20 mars au 20 avril. Selon le Dr Merouane Hadj Ammar président la commission des statistiques du Snapo et président du bureau de wilaya d'Aïn Defla, il est question d'une enquête qui a décrit l'état de santé des officines en ces temps de crise sanitaire, tout en relevant l'impact de la pandémie sur le fonctionnement et la rentabilité des pharmacies. Pour cela, un questionnaire de 16 thèmes a été mis en ligne, du 24 au 30 avril dernier, par la commission des statistiques dans le but de pouvoir dresser une cartographie réelle de la situation sociale et économique des établissements de dispensation de médicaments et d'accompagnement des patients. Pour mener à bien ce sondage, et selon des règles scientifiques, les enquêteurs du Snapo ont ciblé, comme l'exigent les normes, un échantillon représentatif des 11 000 pharmacies en activité à travers le territoire national. Selon Merouane Hadj Ammar, qui est également membre du conseil national du Snapo, pas moins de 480 pharmaciens implantés dans des zones mises sous confinement total et partiel, ont répondu au formulaire-type de l'enquête à travers 43 wilayas, soit plus de 50% des régions géographiques tel qu'exigé dans la réalisation de ce type de sondage. D'ailleurs, des professionnels du médicament installés à Blida, qui étaient sous confinement total, y ont pris part avec un taux de 11,4%. Face à la pandémie de Covid-19, les pharmaciens d'officine interrogés font toujours preuve d'une incroyable "résilience" sanitaire et économique. Sur le plan sanitaire, la corporation a déploré la mort d'un pharmacien exerçant dans la wilaya de Mostaganem. Pas moins de 20 autres, employés dans les officines à travers 11 wilayas, ont été déclarés porteurs positifs du virus. Tandis que 11 autres professionnels d'officine sont rétablis et 8 autres sont encore sous traitement spécifique. Cette situation sanitaire montre que le pharmacien est toujours en première ligne contre le Covid-19. Cette étude étayée par des chiffres, première du genre durant cette crise sanitaire, a le mérite de lever le voile sur la situation économique extrêmement difficile à laquelle sont confrontés au quotidien les pharmaciens d'officine. Selon le tableau des activités, plus de 84% des professionnels ont été contraints de diminuer le volume horaire de travail en raison du dispositif de couvre-feu, alors que 14% parmi eux ont été dans l'obligation de réduire la cadence de travail pour indisponibilité du personnel. Rappelons au passage que les 11 000 officines ouvertes à travers le territoire national sont "animées" par 50 200 employés. Le sondage a permis aussi de noter que 64% des officines ont réduit leur personnel et pas moins de 12 000 employés ont dû quitter leur poste d'emploi en raison des difficultés liées au transport et dans une moindre mesure par crainte de contamination. L'état d'urgence sanitaire n'a pas été sans conséquence sur le fonctionnement des pharmacies en termes de distribution ou d'approvisionnement en produits pharmaceutiques. 65% des officines ont ainsi vu leur chiffre d'affaires sensiblement chuter depuis le début de cette crise, qui a élargi la liste des produits en rupture de stock. La liste des médicaments sous tension concerne plus de 227 spécialités notamment celles liées aux maladies chroniques, qui représentent une part importante du marché. L'approvisionnement en produits de protection, gants, bavettes ou gel hydroalcoolique, était impossible pour 41% et très difficile pour 56% des pharmaciens sondés. Au plan de la rentabilité de l'activité, l'enquête révèle que plus de 90% des pharmaciens ont vu leur chiffre d'affaires global baisser. La baisse des recettes est estimée à 45% par rapport aux mois de mars et avril 2019, alors que les charges induites par la crise ont augmenté. Par-dessus tout, les pharmaciens souffrent encore des retards de paiement des caisses sociales, Cnas et Casnos.