L'ancien ministre du Commerce du gouvernement Hamrouche est décédé, hier, à Paris, d'un arrêt cardiaque. Il était l'un des acteurs qui ont conduit les réformes économiques sous le gouvernement de Mouloud Hamrouche en occupant le poste de ministre du Commerce. Brillant économiste, Smaïl Goumeziane appartenait à cette génération de cadres post-indépendance qui a eu à diriger les affaires économiques du pays avec brio. Avant d'occuper une place de choix dans le gouvernement des réformateurs, Smaïl Goumeziane avait d'abord parcouru les allées de la haute administration. Il avait occupé plusieurs postes de direction au ministère des Industries légères et assuré la direction générale de deux entreprises nationales de l'agroalimentaire. Il fut aussi secrétaire général du ministère de l'Industrie lourde avant d'être embarqué dans l'expérience gouvernementale, laquelle expérience a tourné court et les réformes furent contrariées. Pour Goumeziane et nombre de ses camarades, la désillusion a pris le dessus sur le projet de changement. L'Algérie bascule dans la violence massive, lui se trouve contraint à l'exil comme beaucoup de compétences nationales. S'ouvre alors une période sombre pour l'Algérie. Installé en France, Goumeziane trouve "refuge" dans la prestigieuse université de Paris Dauphine où il officie comme maître de conférences en économie. De son exil, il n'a jamais rompu avec son pays encore moins avec ses idées comme en témoignent ses nombreux ouvrages. L'Algérie et le nouveau siècle, Algérie, l'histoire en héritage, Ibn Khaldoun : un génie maghrébin, La tiers-mondialisation, Fils de Novembre, Le pouvoir des rentiers et Le mal algérien sont autant de livres et d'essais sur l'Algérie, son passé et son devenir. Son dernier livre qui s'intitule L'Islam n'est pas coupable (2016) est inspiré par le terrorisme qui frappe la France et l'Occident de manière générale. À mi-chemin entre l'univers universitaire et le monde politique, Smaïl Goumeziane était intellectuellement proche de Hocine Aït Ahmed avec qui il partageait l'essentiel de sa philosophie. Un social-démocrate qui n'hésitait pas à prendre sa plume pour défendre des choix politiques et économiques qui correspondent aux aspirations des Algériens. Des choix, faut-il le rappeler, inscrits dans la mondialisation qu'il voulait juste et équilibrée, celle qui n'écrasait pas les faibles.