Les décisions prises par le président américain sortant quant à la politique étrangère, causent une immense gêne à son successeur à la Maison-Blanche qui a déjà plusieurs dossiers sur la table à régler urgemment. La fin de la présidence Trump continue de bouleverser les équilibres internes aux Etats-Unis et de remuer aussi un monde sous tensions militaire et diplomatique. Après avoir pris tout le monde de court début décembre, en annonçant sa reconnaissance de la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, le président républicain a décidé de mener une ultime offensive diplomatique contre le rival chinois, en levant toutes les restrictions imposées aux responsables américains dans leurs contacts avec Taiwan, que Pékin réclame comme l'une de ses provinces. "Le département d'Etat a créé des restrictions internes complexes pour réguler les interactions de nos diplomates, militaires et autres représentants officiels dans leurs relations avec leurs homologues taiwanais", a indiqué dans la nuit de samedi à dimanche le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo, dans un communiqué. "Les Etats-Unis avaient pris ces mesures unilatéralement, pour satisfaire le régime communiste à Pékin. C'est fini", a-t-il ajouté. Si les Taiwanais se sont félicités de cette annonce, ce ne sera pas le cas pour les Chinois, qui ont déjà dénoncé la visite à Taiwan (du 13 au 15 janvier en cours) de l'ambassadrice des Etats-Unis à l'ONU, Kelly Craft. Outre les rencontres programmées avec les responsables taiwanais à Taipei, Mme Craft doit aussi y prononcer un discours sur "les contributions impressionnantes (de Taiwan) à la communauté mondiale et l'importance d'une participation significative et élargie de Taiwan aux organisations internationales", selon le département d'Etat. Engagé dans une rude bataille commerciale avec Pékin, le président américain sortant n'en est pas à sa première manœuvre contre la Chine au sujet de cette île. Sous la présidence de Donald Trump, Washington et Taipei se sont rapprochés, le président américain approuvant notamment des ventes d'armes à Taiwan pour un montant estimé à environ 18 milliards de dollars, suscitant une violente réaction diplomatique de Pékin. Même si Washington n'a pas franchi le pas, en ouvrant une représentation diplomatique à Taipei, la décision annoncée par Mike Pompeo pèsera lourdement sur les relations, déjà difficiles et conflictuelles, entre la Chine et les Etats-Unis. En effet, M. Pompeo affirme que les relations avec l'île vont continuer à passer par l'American Institute in Taiwan (AIT), une organisation privée qui joue le rôle d'ambassade des Etats-Unis à Taipei. Mais le gouvernement américain "maintient des relations avec des partenaires non officiels dans le monde entier, et Taiwan n'est pas une exception", conclut-il. Autrement dit, le nouveau président américain, Joe Biden, héritera de dossier aussi lourd que celui de la division provoquée par son prédécesseur au sein du peuple américain. Refusant de reconnaître sa défaite à la présidentielle du 3 novembre 2020, M. Trump est allé trop loin en poussant ses partisans les plus radicaux à violer l'enceinte du Capitole mercredi dernier, pour empêcher par la violence la certification de la victoire de son rival démocrate. À moins de dix jours de la fin chaotique de son mandat, le président américain n'est vraisemblablement pas à son dernier coup d'éclat.