Les malades ont préféré reporter de leur propre chef la date des contrôles. L'hôpital retrouvera ses activités normales juste après l'éclipse. Durant la période de l'éclipse, une certaine baisse d'activité a été relevée au niveau de tous les services. Si les soins sont prodigués normalement aux patients hospitalisés, il n'en demeure pas moins que le nombre de consultations externes a connu une baisse significative. Les malades suivis à titre externe, après ou avant une opération, ont préféré ne pas faire le déplacement ; ils pourront toujours être auscultés ultérieurement. Les messages de prévention relayés par les médias ont provoqué une psychose parmi la population. Les médecins estiment qu'il vaut mieux une telle psychose passagère que de se retrouver avec plusieurs cas de cécité. Quelques malades ont tout de même fait le déplacement et parfois de très loin. “J'arrive de khenchela pour présenter mon fils à son médecin traitant au Cpmc. Connaissant la gravité de la maladie de mon fils, je préfère qu'il suive à la lettre ses cures de chimio. Quant à l'éclipse, elle ne me fait pas peur, il suffit de ne pas fixer le Soleil”, affirme le père d'un jeune malade. Au service ophtalmologie, d'habitude grouillant de monde, il n'y a que quelques consultants. Tous les médecins sont pourtant à leur poste, d'autant qu'un service de garde renforcée est opérationnel depuis le début de matinée. Quelques consultants sont dans la salle d'attente située au sous-sol du service. Les malades semblent calmes et moins stressés que d'habitude car aujourd'hui l'attente n'est pas longue. Pourtant, le chef de service, le professeur Hartani, a mobilisé son équipe pour accueillir des citoyens inquiets après l'éclipse. “Dès la fin de l'éclipse, nous recevrons des citoyens, comme ce fut le cas quelques heures après l'éclipse de 1999. Il s'agit surtout d'écouter les consultants, et ce sera le travail de la psychologue. Elle est mobilisée et elle est prête à recevoir les consultants inquiets”, affirme le Pr Hartani. Elle est justement en réunion avec la psychologue du service pour bien se préparer à la réception des citoyens. De toutes les manières, grâce à la campagne de sensibilisation, le Pr Hartani se montre confiante. “Je suis sûre que tout le monde a compris les dangers des UV. Je suis certaine que tout se passera bien”, conclut-elle. Dès 11h30, un regain d'activité est observé. Les premiers visiteurs arrivent avec des couffins de victuailles destinés à des patients hospitalisés. “Je viens tous les jours aux heures du déjeuner et du dîner pour apporter les repas à mon fils hospitalisé au service de traumatologie. Il faut dire que les malades sont mal nourris”, déclare une mère de famille. Un regain d'activité est à relever au pavillon des urgences qui était tout à l'heure presque vide. Les accompagnateurs de malades affirment que c'est juste une question de coïncidence s'ils sont arrivés à l'hôpital à la fin de l'éclipse. “Pensez-vous que j'aurais eu peur de l'éclipse si la crise de mon père s'était manifestée à 10h Je serai venu même s'il y avait un déluge. Lorsqu'il s'agit de santé, on n'attend pas”, soutient un homme qui attendait impatiemment l'arrivée des radios de son père allongé sur une table de consultation dans un cabinet médical. Saïd ibrahim