La remontée des prix du pétrole, qui ont frôlé hier la barre des 66 dollars le baril, constitue une bouffée d'oxygène pour l'Algérie, mais elle reste insuffisante pour l'état de ses finances. En effet, l'Algérie a besoin d'un prix du baril de pétrole à 135,2 dollars pour équilibrer son budget pour l'année 2021, selon les prévisions du Fonds monétaire international (FMI). L'équilibre des comptes extérieurs, nécessite un prix de 105,7 dollars le baril. Le cadrage macroéconomique et financier de la loi de finances 2021 a retenu un prix fiscal du baril de pétrole autour de 40 dollars. Les projections du gouvernement fixent, par ailleurs, un prix du marché de 45 dollars le baril. Tenant compte des niveaux des recettes et des dépenses budgétaires pour la période 2021-2023, le déficit du Trésor par rapport au produit intérieur augmentera de 15,5% dans la loi de finances complémentaire (LFC) 2020 à 17,6% en 2021, avant de passer à 6,7% en 2022 et à 14,9% en 2023. La balance commerciale et le solde budgétaire de l'Etat sont ainsi très dépendants du niveau du prix du pétrole et vulnérable à ses fluctuations. La résilience de l'économie nationale a été mise à l'épreuve suite à la chute drastique des prix du pétrole à partir de mi-2014. Le choc pétrolier de 2014 a creusé davantage le déficit du compte courant extérieur et du déficit budgétaire. Faute de pouvoir réduire substantiellement la dépense publique ou de renforcer les prélèvements au titre de la fiscalité ordinaire, le seul indicateur susceptible d'influer réellement sur le déficit du budget est le niveau des exportations d'hydrocarbures et, en conséquence, celui de la fiscalité pétrolière. Comme le retour à des prix pétroliers suffisamment élevés est improbable en l'état actuel et comme la fiscalité pétrolière semble s'éroder avec la baisse tendancielle des quantités d'hydrocarbures exportables, le financement des déficits budgétaires, sans cesse croissants, est devenu une des difficultés sérieuses auxquelles le gouvernement se trouve confronté à l'occasion de chaque exercice budgétaire depuis 2017.