Pour beaucoup de militantes des droits des femmes en Algérie, le 8 Mars, c'est surtout l'occasion de signifier que le combat continue pour en finir avec les discriminations et les violences. Le Centre d'information et de documentation sur les droits de la femme et de l'enfant (Ciddef) a choisi d'inscrire sa démarche dans cet esprit. Sa directrice, l'avocate Nadia Aït Zaï, estime que "beaucoup reste à faire, particulièrement en ce qui concerne la parité et les quotas lors des élections. Le projet de loi électoral a introduit le principe de la parité sur les listes de candidatures, mais ne garantit pas que cette parité se reflète sur le nombre des femmes élues. Ce sera un long combat". Le positionnement des femmes sur les listes électorales ne leur donne, en effet, que peu de chance d'être élues, d'où la nécessité de remplacer le système de quotas par le système d'égalité des chances, préconisent de nombreuses figures du mouvement féminin venues assister hier au lancement d'un projet œuvrant à la protection des femmes des violences, engagé par l'Initiative féministe EuroMed pour la période couvrant 2021 à 2023. Et ce, au profit de neuf organisations partenaires : en Algérie, en Tunisie, au Maroc, en Egypte, en Jordanie, au Liban et en Palestine. Ce projet, soutenu par l'Union européenne, vise à renforcer les capacités d'action des associations de lutte contre les violences faites aux femmes, afin de permettre une prise en charge rapide des victimes, de mener une campagne de sensibilisation et de référencer les services de soutien. L'Initiative féministe EuroMed pense que "depuis des décennies, les associations féministes algériennes ont joué un rôle primordial dans la prévention et la lutte contre ces violences. Ce rôle a été déterminant pour l'adoption de la loi 15-19, mais il est actuellement menacé par la crise politique et les mesures restrictives qui restreignent l'espace de la société civile et sa liberté d'action". Selon cette organisation, "la violence domestique demeure un problème d'ampleur nationale, autant que le harcèlement, les violences sexuelles, la privation de l'héritage ou le mariage précoce" alors que les femmes sont très peu édifiées sur leurs droits. Leur précarité est accentuée par les mesures prises pour endiguer la pandémie de Covid-19. "Parce que, d'une part, les femmes constituent la majorité des personnels de santé et, d'autre part, parce qu'elles ont traditionnellement la responsabilité de prendre en charge les membres de la famille, non seulement les enfants, mais aussi les personnes âgées, malades ou handicapées. En Algérie, elles sont, par ailleurs, sur-représentées dans le secteur informel fortement fragilisé par les mesures de confinement. Cette augmentation des violences s'accompagne d'une difficulté croissante pour accéder aux services de santé, d'aide et de protection", considère l'Initiative féministe Euromed. "Le mot féminicide est hélas devenu tristement banal. Les difficultés présentes ne font qu'aggraver les inégalités existantes dues à la fois à des lois discriminatoires et un code de la famille en opposition avec l'article 29 de la Constitution qui garantit l'égalité des sexes, et à la tolérance sociale à l'égard des violences faites aux femmes et aux filles", note encore les promoteurs de ce plan d'action. La rencontre a été également ponctuée par l'inauguration d'une nouvelle salle au siège du Ciddef, baptisée du nom de l'avocate et féministe Gisèle Halimi. N. H.