L'imposant dispositif policier n'est pas venu à bout de la détermination des étudiants, auxquels se sont joints des citoyens, de sillonner les principales artères du centre de la capitale. Soutenus par leurs aînés, les étudiants étaient, hier, plus nombreux que la semaine dernière à sillonner les artères de la capitale pour répéter en chœur les revendications du mouvement populaire , à l'occasion du quatrième mardi consécutif depuis le retour du Hirak. Ils ont démontré que le Hirak estudiantin se porte bien et reste imperturbable. Sous un soleil printanier, les jeunes universitaires ont massivement renouvelé leur fidélité au serment prêté le 22 Février 2019 pour un Etat de droit. Avant de commencer à battre le pavé du parcours habituel de la contestation pour rallier la place Maurice-Audin, des agoras ont été organisées place des Martyrs où des citoyens ont tenu à commenter les derniers événements qui ont marqué la scène politico-médiatique, avant d'exprimer, pour certains, leur rejet des prochaines législatives. "Nous ne venons pas ici chaque mardi pour faire de la figuration politique ou bien pour assurer une simple permanence de mobilisation. Nous sommes plus que jamais déterminés à amorcer le véritable changement politique en Algérie", lancera sans détour un groupe de jeunes universitaires. C'est à 11h que des étudiants et des citoyens portant l'emblème national se sont mis à évoluer en direction de l'emblématique place Maurice-Audin où le dispositif sécuritaire habituel était déployé tout au long des rues Bab-Azzoun, Ali-Boumendjel, Larbi-Ben M'hidi, les boulevards Asselah-Hocine, Zighoud-Youcef puis Amirouche et enfin la rue Mustapha-Ferroukhi. Force est de relever qu'à mesure que le cortège avançait, le nombre des contestataires augmentait, et de simples passants n'ont pas hésité à rejoindre le Hirak estudiantin. Avant de répéter à l'unisson les chants du Hirak, les marcheurs ont brandi des écriteaux qui résument l'importance et le rôle de la presse indépendante dans la construction d'un Etat démocratique. Ils ont ainsi réitéré tout le respect qu'ils doivent aux journalistes mobilisés aux côtés des Algériens. "La presse, c'est une ligne rouge, non à l'agression. Notre mouvement est et restera pacifique", ou encore : "Le Hirak condamne fermement l'agression commise à l'encontre des journalistes", peut-on lire sur plusieurs pancartes déployées pour la circonstance. Le 108e acte de contestation estudiantine se distingue en fait par l'entrée en scène de tels slogans qui résument la position des Algériens par rapport à l'épisode regrettable de vendredi dernier ou des "indus" hirakistes se sont impunément attaqués à des professionnels des médias. "On ne permettra plus jamais à quiconque de toucher à un cheveu des honorables journalistes", clamera un étudiant qui fait preuve de beaucoup de clairvoyance. Sans tarder, la foule nombreuse s'est mise à scander des chants hostiles au pouvoir en place. "Les étudiants s'engagent, système dégage", ou encore "Nous sommes les enfants d'Amirouche, nous sommes les précurseurs des libertés". Ces chants repris en chœur tout au long de la marche d'hier confirment que les étudiants redoublent d'ingéniosité dans la conception des thèmes qui dénoncent toutes les manœuvres du pouvoir. En arrivant à la place Emir-Abdelkader, les marcheurs bifurquent inopinément à gauche avant de rallier l'avenue Asselah-Hocine en transitant par la rue de Tanger. Immédiatement, la foule s'est mise à crier en courant : "Indépendance, indépendance, indépendance !" Ils ont dû poursuivre la marche jusqu'à la rue Saïd-Belarbi, adjacente au siège de la wilaya d'Alger, pour tenter de se rassembler devant le bâtiment imposant de l'APN. Mais le jalonnement des fourgons de police et des gros camions bleus de part et d'autre de l'avenue Zighoud-Youcef a empêché les manifestants d'atteindre le siège de l'Assemblée nationale. Ils se sont mis alors à scander haut et fort : "Il n'y aura pas de vote. Non aux élections !" Les marcheurs ont réussi tout de même à poursuivre la manifestation jusqu'à la place Audin après une partie de cache-cache avec les policiers qui tentaient de les en empêcher. Les étudiants ont tout de même réussi avec brio la 108e marche de contestation. Preuve supplémentaire que le Hirak estudiantin à Alger est loin de s'essouffler.