Les étudiants ont apporté un démenti cinglant à ceux qui misaient sur l'essoufflement de la mobilisation. Alger a vibré hier au rythme d'une nouvelle manifestation estudiantine, la 53e depuis le début du hirak. Les étudiants étaient, en effet, nombreux à battre le pavé, dans une ambiance bon enfant. Le rendez-vous était pris, à la place des Martyrs en empruntant le parcours habituel jusqu'au jardin Mohamed-Khemisti, en passant par la rue Larbi-Ben M'hidi, l'avenue Pasteur, le boulevard Amirouche et la rue Mustapha-Ferroukhi. Soutenus par des citoyens, les jeunes universitaires ont fait montre d'une détermination sans faille à poursuivre pacifiquement leur mouvement pour l'avènement d'"une Algérie nouvelle". Ils ont confirmé, une nouvelle fois, qu'ils restaient fidèles au mot d'ordre donné depuis le 26 février 2019 : "Nous ne sommes pas éternels, une autre génération viendra certainement reprendre le flambeau après nous, mais pas de normalisation avec le régime." La marche d'hier a été aussi marquée par plusieurs haltes pour crier "Dawla madania, machi âaskaria" (Etat civil, pas militaire). "Nous ne sommes pas venus pour célébrer le 1er anniversaire du hirak, mais pour débusquer les derniers valets de la maffia", ont-ils encore scandé. Parfaitement organisés, sous le regard des policiers postés tout le long du parcours de la marche, les manifestants ont brandi des pancartes où on pouvait lire : "Le hirak constitue une opportunité pour le changement et le recouvrement de la souveraineté confisquée depuis l'indépendance". Sur une autre pancarte était porté : "Le hirak n'a pas vocation à se structurer, notre révolution est une question de dignité". La foule avance vers la place Maurice-Audin où un autre groupe d'étudiants déploie une banderole qui résume la principale revendication des millions d'Algériens qui sortent dans la rue depuis 22 février 2019. "L'Etat civil désigne l'alternance au pouvoir, alors que l'Etat militaire sous-entend une minorité qui s'empare carrément du pouvoir." Des marcheurs n'ont cessé de scander : "Dégage, dégage", sans omettre de rappeler le caractère pacifique du mouvement : "Silmiya, silmiya." D'autres étudiants, collant à l'actualité, se sont mis à crier "Après le choléra, l'Algérie risque le coronavirus". Les portraits des hirakistes encore emprisonnés, ont été également brandis. À travers ce 53e mardi de contestation, les étudiants ont ainsi apporté un démenti cinglant à ceux qui misaient sur l'essoufflement de la mobilisation estudiantine, en entamant hier une nouvelle année de protestation pacifique.