La persistance de ce problème de liquidités est liée, en partie, à la hausse des quantités de monnaie en circulation hors canal légal. Algérie Poste prépare la fermeture des comptes commerciaux, désormais indésirables, suite à l'instruction du Président Tebboune qui, lors du dernier Conseil des ministres, tenu dimanche, a ordonné l'interdiction de domiciliation des comptes commerciaux au niveau d'Algérie Poste. Cette mesure se veut la énième solution suggérée au sempiternel problème de liquidités qui sévit au niveau des centres de paiement d'Algérie Poste. Le chef de l'Etat a dévoilé, dimanche, une nouvelle piste de réflexion sur l'origine des problèmes de liquidités auxquels font face les bureaux de poste. Les transactions commerciales transitant par la poste seraient à l'origine des désagréments que connaît cette institution. Ce pourquoi les commerçants sont invités à solder leurs comptes avec Algérie Poste et se réorienter vers les banques. "Concernant le secteur de la poste, le Président a ordonné la fermeture des comptes commerciaux et l'interdiction de leur ouverture au niveau d'Algérie Poste. Ces comptes devant être du ressort des banques dans l'objectif de régler le problème du manque de liquidités absorbée par les transactions commerciales", lit-on dans le communiqué du Conseil des ministres. Cette mesure exempte les commerçants qui activent dans les régions du Sud, réputées à faible niveau de bancarisation. En effet, ledit communiqué parle de l'octroi d'une "autorisation exceptionnelle d'ouverture des comptes courants postaux (CCP) au profit des commerçants dans les régions du Sud qui ne disposent pas d'agences bancaires". Il s'agit là d'une nouvelle solution qui vient renforcer l'arsenal de mesures suggéré en réponse à la crise de liquidités. Les précédentes mesures, dont le plafonnement à 50 000 DA des retraits par cartes magnétiques CCP, n'ont été que d'un faible impact sur la situation des bureaux de poste. D'ailleurs, le ministre des Finances, Aymen Benabderrahmane, a assuré que le problème des liquidités enregistré au niveau des bureaux d'Algérie Poste allait être solutionné dès décembre 2020 suite à l'entrée en vigueur de la mesure portant plafonnement des retraits. Force est de constater, près de quatre mois plus tard, que cette solution n'a pas permis de venir à bout d'un problème plutôt structurel. C'est comme lorsqu'un infirmier agit sur une plaie en mettant un pansement, alors que la blessure nécessite un traitement de fond plutôt qu'un palliatif. Car, la persistance de cette crise de liquidités au niveau des bureaux d'Algérie Poste est liée, en partie, à la hausse des quantités de monnaie en circulation hors canal légal. Dit autrement, l'argent quitte le canal légal et ne revient pas en quantités suffisantes vers les banques et les succursales de la Banque d'Algérie ; laquelle institution se charge ensuite d'alimenter les caisses d'Algérie Poste en liquidités. C'est du moins ce que nous révèle un intervenant sur la place bancaire locale. Or, de l'avis d'un ancien responsable d'Algérie Poste, contacté par Liberté, cette institution devait doubler ses disponibilités pour répondre à la demande croissante en cash, alors que les fonds alloués par la Banque d'Algérie étaient en deçà des attentes. En clair, le même responsable fait constater que les volumes de décaissement sont nettement supérieurs aux approvisionnements en capitaux. En revanche, la restitution des stocks s'est fragilisée et l'informel accapare une bonne partie de la monnaie fiduciaire. Dans sa dernière note de conjoncture, la Banque d'Algérie a levé le voile sur une hausse importante (12,93%) de la monnaie fiduciaire en circulation hors banques, passant de 5 437,6 milliards de dinars à fin 2019 à 6 140,7 milliards de dinars à fin 2020. La hausse de la monnaie fiduciaire circulant hors banques s'est accélérée en période de forte contraction de la liquidité bancaire et de hausse de la demande en pièces et billets de banque. La liquidité bancaire s'était établie à seulement 612 milliards de dinars à fin novembre 2020. En deux mots, la baisse de la liquidité au niveau des bureaux d'Algérie Poste serait liée, en partie, à une très forte demande et manipulation du fiduciaire ; un argent qui met du temps pour revenir dans le circuit bancaire. Ali Titouche